Angela Merkel a dit oui au smic européen... mais à ses conditions

François Hollande, dans les pas de son mentor Jacques Delors, avait remis l\'idée d\'un salaire minimum obligatoire en Europe au goût du jour lors de sa conférence de presse du 16 mai dernier. A l\'époque, en 2006, l\'ancien président de la Commission européenne avait fait sienne l\'idée d\'un niveau de revenu plancher non pas fixe mais \"proportionnel au niveau de développement de chaque pays\", pour, expliquait-il, \"montrer qu\'il ne s\'agit pas de faire l\'Europe à sens unique\". L\'idée avait été reprise par la Commission européenne il y a plusieurs mois, mais Angela Merkel ne voulait pas en entendre parler.François Hollande n\'a pas manqué de la présenter à nouveau à la chancelière allemande lors de sa visite à Paris jeudi. L\'objet de cette visite était la préparation d\'une palette de propositions communes à la France et à l\'Allemagne en vue de la réunion du Conseil européen de la fin juin consacrée à la croissance et à l\'emploi. Et surprise, la chancelière a accepté.Pas un vrai recul pour Angela MerkelUn recul pour Angela Merkel ? Pas tout à fait. Si cette avancée est à attribuer au chef de l\'État français, la chancelière allemande n\'a pas manqué de tact. En effet, pour accepter la proposition française, elle a exigé que les États aient \"le choix entre législation et conventions collectives\", explique-t-on de source gouvernementale. C\'est la formule qui a été retenue dans le document qui sera présenté au Conseil européen lors de sa réunion de juin et que s\'est procuré La Tribune.En pleine campagne électorale outre-Rhin, la chancelière allemande a choisi de défendre l\'idée d\'un salaire minimum négocié par branche pour contrer la proposition de son adversaire social démocrate Peer Steinbrück qui cherche à séduire l\'électorat avec un revenu minimum généralisé. Idée à laquelle la chancelière est pour le coup farouchement opposée. En avril dernier, elle était même allée jusqu\'à déclarer que le smic était responsable de la montée du chômage en Europe.Une mesure symbole pour François HollandeDe source proche du dossier, côté français, on veut y voir une avancée. Même si on admet qu\'elle a surtout été rendue possible par un changement de contexte européen et par le calendrier électoral allemand. Mais \"l\'important c\'est que le sujet soit sur la table, avant c\'était tabou,\" explique-t-on. Et on compte sur la Commission européenne, jamais contre une progression de l\'intégration européenne, pour soutenir la proposition durant la réunion de juin. Reste à convaincre les autres États-membres de souscrire à la proposition franco-allemande.A terme, on veut y voir un moyen de lutter contre le \"dumping social\" à l\'intérieur des frontières de l\'Europe. Aujourd\'hui, sept pays de l\'Union européenne n\'ont pas de salaire minimum. Il s\'agit de l\'Italie, de l\'Allemagne, du Danemark, de Chypre, de l\'Autriche, de la Finlande et de la Suède, qui peuvent toutefois avoir des minima variables dans un ou plusieurs secteurs d\'activité. S\'agissant des autres pays, les disparités sont très fortes. Ainsi le salaire minimum Bulgare ne dépasse pas les 123 euros bruts par mois, alors que celui des irlandais, le plus haut, s\'élève à 1462 euros bruts mensuels. En fait, plus que d\'harmoniser les salaires au sein de l\'Union des vingt-sept, la mise en place des salaires minima, si elle à lieu, aura surtout valeur de symbole. En attendant plus.
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