3 millions de chômeurs : une fausse mauvaise nouvelle ?

Accélérer. C’est désormais le mot d’ordre de François Hollande même si, officiellement, on refuse de reconnaître un infléchissement dans l’agenda présidentiel. En annonçant ce dimanche sur Radio J que la barre des trois millions de chômeurs était bel et bien franchie, le ministre du Travail, Michel Sapin, a participé à sa façon de ce changement stratégique dans un exercice peu banal, consistant à s’affranchir du calendrier de publication des statistiques de l’emploi. Il y a bien sûr de la tactique dans cette déclaration d’apparence choc : en révélant cette information, ce fidèle lieutenant du chef de l’Etat tente de la banaliser, de lui ôter son caractère symbolique et, même si c’est sans l’exprimer, de la porter au passif du bilan de la précédente majorité. Dans un mois, cela commencera à devenir difficile et même malvenu…Réécrire le contrat socialMais l’essentiel est ailleurs. En reconnaissant que le chômage va probablement augmenter dans les mois qui viennent, le gouvernement met les partenaires sociaux en garde. Les perspectives de croissance, comme le confirmera la présentation du budget dans trois semaines, seront suffisamment médiocres pour que l’on ne puisse pas attendre grande chose de ce coté là. Si l’on souhaite que s’enclenche un mouvement durable d’amélioration de la situation de l’emploi et envoyer un signal fort au monde économique, il est urgent d’entamer rapidement les négociations sur ce que les uns appellent l’adaptation de l’emploi, les autres la flexibilité.Certes, il y a les contrats d’avenir dont le texte sera présenté au début de la session parlementaire d’automne et les contrats de génération qui seront détaillés dans les prochains jours. Mais François Hollande sait fort bien que ces mesures, si elles produisent des effets au cours de l’année prochaine, ne suffiront pas à réécrire le contrat social dont la France a besoin. François Chérèque ne disait pas autre chose en déclarant au Journal du dimanche qu’il fallait « lancer la réforme du marché du travail au plus vite, pour la conclure au plus tôt. » Et si Michel Sapin a renchéri en affirmant que le « contrat de travail n’est plus un contrat stable (…) qui génère de l’insécurité de l’emploi » c’est pour aussi dire, en creux, que la réforme du dudit contrat doit permettre de l’adapter, tant au profit du salarié qu’à celui des entreprises. L’enjeu de cette accélération n’est pas mince.La tension reste vive entre gouvernement et patronatLa tension entre le monde patronal et le gouvernement reste vive, même si tout le monde a tenté de faire bonne figure pendant l’Université du Medef en fin de semaine. Et le volet fiscal de la prochaine loi de finances a peu de chances de l’apaiser. François Hollande et Jean-Marc Ayrault ne peuvent se permettre de donner comme seul gage de leur volonté d’engager des réformes structurantes la perspective d’un retour, bien hypothétique, à 3% de déficit fin 2013. De là à dire que la révélation de ces 3 millions est une fausse mauvaise nouvelle… 
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.