Sous la pression du gouvernement, Rémy Pflimlin accélère la réforme de France Télévisions

Rémy Pflimlin donne un coup d’accélérateur, et il le dit publiquement. Le président de France Télévisions a promis que la réforme du groupe audiovisuel public serait arrêtée d’ici janvier 2013. «Il faut aller très vite et qu’on se fixe début janvier 2013 pour boucler la réforme. Ensuite, je mettrai en oeuvre ce plan», a-t-il confié au micro du «Buzz Média» du Figaro. Un nouveau contrat d’objectif et de moyens (COM) qui fixe les priorités du groupe sera renégocié à cette date. Pour le moment, Rémy Pflimlin a assuré qu’il n’irait pas au delà du plan en cours qui prévoit une baisse de 5% des effectifs entre 2011 et 2015. «La question de l’emploi n’est pas première, et il n’y aura pas de départs forcés», a encore dit le président. Le groupe emploie 10.000 personnes. Il faut dire que les comptes de France Télévisions se dégradent rapidement. Les prévisions de chiffre d’affaires publicitaire ne pourront être tenues - le manque à gagner atteindrait 75 millions d’euros sur l\'année, tandis que l’Etat souhaite réduire les dotations publiques. En outre, le système global de financement du groupe ne tient qu’à un fil. La taxe «Copé» sur les opérateurs télécoms créée au moment de la suppression de la publicité sur les écrans de France Télévisions risque d’être retoquée à Bruxelles. Outre la dégradation financière du groupe, beaucoup trouvent que le président arrivé il y a deux ans n’a pas suffisamment réformé le groupe audiovisuel. Pas étonnant donc que le gouvernement multiplie les sorties officielles ou officieuses pour renforcer la pression sur Rémy Pflimlin.  Discorde sur la chaîne jeunessePrincipaux sujets de discorde: la réduction des coûts, notamment chez France 3 mais aussi la chaîne jeunesse. Le gouvernement et Rémy Pflimlin souhaitent doter le groupe audiovisuel d’une chaîne à destination des plus petits. Mais ils ne sont pas d’accord sur la manière d’y arriver. Le président du groupe a laissé entendre au Figaro qu’il souhaitait rouvrir «une discussion avec Lagardère» sur Gulli, dont France Télévisions détient 34%. Jusque là, Rémy Pflimlin avait deux options. En priorité, il souhaitait voir France Télévisions racheter la part de Lagardère pour piloter entièrement cette chaîne jeunesse. Autre solution envisagée en cas de désaccord avec Lagardère: se désengager de Gulli, et créer une nouvelle chaîne ex nihilo. Mais, selon nos informations, aucune de ces solutions n’a la faveur des pouvoirs publics. Hors de question d’abord de racheter une chaîne au groupe privé Lagardère, dont la cible publicitaire serait les enfants. C’est politiquement impossible pour un gouvernement de gauche. Quant à la création d’un canal supplémentaire en période de disette budgétaire, l’Etat actionnaire ne peut l’envisager. Du coup, certains veulent transformer France 4, aujourd’hui destinée aux jeunes adultes. Chez France Télévisions, on se défend en assurant que cette chaîne est «un laboratoire de la TNT, qui permet de toucher un public que l’on ne touche pas habituellement». Un argument que n’entend pas la nouvelle majorité. «Est-ce le rôle du service public de financer une chaîne de la TNT sur laquelle on diffuse des séries? Je ne le pense pas», indique-t-on de source gouvernementale.  Interrogations autour du mandat de Rémy Pflimlin Sur le papier, Rémy Pflimlin a encore deux ans de mandat. Et François Hollande a promis il y a quelques mois de ne pas interrompre les mandats en cours. Mais récemment le député PS Patrick Bloche, nouveau président de la Commission culturelles à l’Assemblée, a expliqué que les présidents des groupes audiovisuels publics devraient remettre leur mandat à l’occasion de la loi de réforme de nomination des présidents censée être votée d’ici début 2013. Une brèche s’est ouverte.  
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