Temporiser sans donner l'air de céder. C'est la posture qu'a adoptée le ministre du Travail Eric Woerth, hier jeudi, devant l'association des journalistes économiques et financiers (Ajef) qui l'avait invité à s'exprimer sur la réforme des retraites. Comme il l'avait déjà fait auparavant, le ministre a prédit que les manifestations du 7 septembre organisées par l'ensemble des syndicats et des partis d'opposition devraient être massives. « En même temps, je me dis [que] ce n'est pas ça qui peut faire changer la réforme des retraites, parce que si on change fondamentalement notre réforme, au fond il n'y a plus de réforme des retraites », a-t-il commenté. Une posture en forme de grand écart qui consiste à aborder les manifestations « de façon évidemment extrêmement sérieuse », tout en déclarant dans la foulée qu'il n'y a quasiment aucune marge de manoeuvre. Eric Woerth n'a toutefois pas totalement fermé la porte. Notamment aux demandes formulées dans une interview au journal « Le Monde » (2/09) par le secrétaire général de la CFDT, François Chérèque. Tout en défendant les fondamentaux de la réforme, Eric Woerth a admis, quoi qu'avec une prudence de sioux, que des « avancées » pouvaient être envisagées sur certains sujets. « On peut aller probablement un peu plus loin sur la pénibilité, les carrières longues et les polypensionnés. » carrières heurtéesDans cette logique, le gouvernement refuse de toucher au recul de l'âge légal de départ à la retraite que la réforme fait passer de 60 à 62 ans, et considère « logique » que cela entraîne le décalage des droits à la retraite à taux plein de 65 à 67 ans. Un décalage contesté par la CFDT, mais également par le leader du Modem François Bayrou. A ce sujet, Eric Woerth a rappelé que seulement 18 % d'une classe d'âge partant à la retraite est concernée par la borne actuelle des 65 ans, et qu'il s'agit essentiellement d'hommes, dont 60 % sont des étrangers qui n'ont pas acquis le nombre de trimestres suffisants du fait de carrières heurtées. Contrairement à une idée reçue, 65 ans (demain 67 ans) « n'est pas l'âge de la retraite à taux plein, mais l'âge de la retraite sans décote », a-t-il insisté. Sur la pénibilité, le ministre s'est déclaré « prêt à aller un peu plus loin », notamment pour prendre en compte la « pénibilité différée ». Mais, comme « on a pas d'instrument scientifique pour mesurer la pénibilité des métiers », la vraie réponse à cette problématique « c'est l'amélioration et l'aménagement des conditions de travail ». Rémy Janin
Des ouvertures très limitées sur les retraites
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