L'ombre des papillons de Wall Street

À côté du cataclysme provoqué par la chute de Lehman Brothers, il y a plus d'un an, le dépôt de bilan du groupe financier américain CIT, tombé sur une crise de liquidité, a fait l'effet d'un imperceptible battement d'ailes. C'est le 115e établissement à tomber. Mais il pourrait bien être un de ces battements d'ailes de papillon susceptibles de provoquer le chaos à des milliers de kilomètres. Car il dit ce que le monde n'est pas prêt à entendre : la crise du système financier américain n'est pas réglée, loin de là. Le fameux Tarp ou plan Paulson, qui recapitalisa moultes institutions financières à hauteur de 700 milliards de dollars, n'a résolu qu'une partie du problème, celui des  subprimes. Reste les innombrables crédits douteux apparus au fil des mois, à la consommation, aux étudiants, aux PME fragiles? En vérité, les établissements américains sont bien plus malades que ce qui a été dit, en particulier lors des « stress tests », ces tests de résistance imposés par Washington à 19 banques, pour leur permettre de se recapitaliser dans les meilleures conditions. D'abord, parce qu'il existe un important système financier parallèle, auquel CIT appartient, où les règles du crédit ont été des plus souples. Ensuite, parce qu'un gigantesque stock d'actifs titrisés de mauvaise qualité, et non consolidés dans les bilans des banques, est toujours là : les 19 banques testées en portaient à elles seules 900 milliards de dollars, selon la Fed. À combien s'élèvent-ils pour les 2.500 banques ? À plusieurs milliers de milliards de dollars, murmurent les marchés. Oui, vous avez bien lu. Entre les actifs non consolidés, et qui vont devoir l'être à compter du 1er janvier, et les pertes à venir, le système financier américain est effroyablement sous-capitalisé. Marchés et/ou contribuables vont donc, à nouveau, devoir passer à la caisse. Une fois ? Deux fois ? Voilà pourquoi les appels à la nationalisation des banques, comme celui que vient de lancer le Prix Nobel Joseph Stiglitz, resurgissent. L'histoire a montré que c'est le seul moyen de sortir vite et bien de la crise bancaire. [email protected]érie SEGOND
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