Un ministre s'attaque au lobby du tabac au Japon

SANT髠Nous songeons à relever le prix du tabac à un niveau européen. » L'annonce faite dimanche par le nouveau ministre japonais de la Santé, Akira Nagatsuma, a sonné comme un coup de tonnerre aux oreilles de Japan Tobacco (JT). Le géant du tabac ? 64 % du marché nippon ? jouit encore d'un régime laxiste dans son pays. Le slogan officiel de JT, « La fabrique de plaisir ! », s'étale en grand dans les tournois de shogi (échecs japonais), de golf ou de volley-ball. Dans l'un des 600.000 distributeurs automatiques, tout Japonais peut s'offrir un paquet pour environ 2,6 fois moins cher qu'à Paris, car faiblement taxé. 30 millions de fumeurs Quatrième marché derrière la Chine, les États-Unis et la Russie, le pays compte 30 millions de fumeurs. Selon une étude anglaise, 40 % des consultations médicales y sont liées au tabac. Le Japon a pourtant ratifié en juin 2004 la convention cadre sur le contrôle du tabac de l'Organisation mondiale de la santé. Mais il faut compter avec le puissant ministère des Finances (MoF), qui contrôle la moitié de Japan Tobacco, après en avoir détenu les deux tiers. « Jusqu'en 1985, JT était un monopole d'État qui s'occupait de sel et de tabac. Ces deux produits sont faciles à produire, populaires, et faciles à taxer », explique un haut fonctionnaire du MoF. Les médias locaux, tributaires des énormes budgets de communication de JT, se gardent bien de l'attaquer. Cette anomalie révolte les victimes du tabagisme, mais aussi l'industrie pharmaceutique que le gouvernement force à réduire ses prix tous les 2 ans, au détriment de la R & D. « Soigner est-il plus nocif que fumer ? » s'interroge le patron de la filiale japonaise d'un groupe pharmaceutique européen. L'accession de l'opposition au pouvoir en août a changé la donne. Même le nouveau ministre des Finances, Hirohisa Fujii, donne son blanc-seing : « Nous le faisons pour la santé, mais aussi pour dégager des recettes fiscales », assure-t-il à « La Tribune ».Régis Arnaud, à Tokyo
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