General Motors remercie son patron

Nous devons accélérer nos progrès. » D'une phrase, Ed Whitacre, président du conseil d'administration de General Motors, a justifié l'éviction de son directeur général, Fritz Henderson, vingt-cinq ans de maison, qui n'aura tenu que huit mois à la tête du groupe. « Cette décision est le fait du seul conseil d'administration ; le gouvernement n'a rien à y voir », a assuré la Maison-Blanche, alors que le Trésor détient 60 % du capital du constructeur. Les analystes n'ignoraient pas, depuis la sortie du groupe du régime des faillites en juillet, que la gestion de Fritz Henderson était de plus en plus contestée.Mardi soir, une réunion du conseil s'est achevée sur une évaluation du travail entrepris par Fritz Henderson au cours des cent derniers jours. D'après les médias américains, la formalité s'est vite muée en condamnation. Le conseil, remanié lors du sauvetage de GM par le gouvernement fédéral et l'État canadien, a rejeté le plan d'activité 2010 présenté par Henderson avec qui les sujets de discorde ne manquaient pas. Les administrateurs lui reprochant son incapacité à céder les marques Saturn et Saab ainsi que son choix initial de vendre Opel, une filiale jugée nécessaire pour la stratégie internationale du groupe. De plus, Ed Whitacre, qui assurera l'intérim, est opposé au retour en Bourse précipité que préconisait Fritz Henderson.rupture culturelleReste désormais à Ed Whitacre à débaucher la perle rare, capable de poursuivre la restructuration. Il aura sans doute à c?ur de s'inspirer de Ford qui, en choisissant pour patron Alan Mulally, un « outsider » venu de Boeing, a réussi une rupture culturelle et évité la faillite. Mais GM, qui peine déjà à trouver un nouveau directeur financier, devra composer avec les restrictions sur les salaires imposées par le Trésor aux entreprises aidées par le gouvernement fédéral.En attendant, « Big Ed » mènera le constructeur à la baguette. Depuis qu'il a rejoint le groupe en juillet, l'ex-dirigeant de l'opérateur télécoms AT&Tmp;T, rompu aux négociations avec le gouvernement et les syndicats, a surpris les apparatchiks de GM, en visitant de manière inopinée les usines du groupe et en bombardant de questions ses cadres supérieurs. Pour GM, il y a urgence. Malgré l'amélioration récente de sa situation financière, le groupe, qui a perdu 88 milliards de dollars depuis la fin 2004, a vu ses ventes s'effondrer de 32 % sur les onze premiers mois de l'année.Le départ brutal de Fritz Henderson, ancien patron de GM Europe, inquiète de ce côté-ci de l'Atlantique, où l'on craint des suppressions d'emplois accrues chez Opel. Le nouveau ministre allemand de l'Économie, Rainer Brüderle, a réaffirmé mercredi ses réticences à l'octroi d'une aide à GM et souligné le manque de stratégie du groupe. Par ailleurs, la filiale suédoise Saab craint une liquidation, même si GM affirme négocier toujours avec d'éventuels repreneurs. Le fabricant néerlandais de voitures de sport Spyker et son actionnaire russe Convers Group ont fait part de leur intérêt.
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