La reprise du marché du travail se fait encore attendre

Les optimistes y verront le signe que le pire de la crise est passé. Les pessimistes que le marché du travail est loin d'avoir retrouvé son dynamisme. Une certitude, le taux de chômage au sens du BIT pour le troisième trimestre, rendu public ce jeudi par l'Insee, ne témoigne d'aucun retournement de tendance. En France métropolitaine, il s'est, en effet, établi à 9,3 %, soit une stabilisation par rapport au deuxième trimestre et une hausse de 0,1 % sur un an. En incluant les Dom, le taux atteint 9,7 % de la population active. En outre, plusieurs signaux suscitent des inquiétudes. Ainsi, si le taux d'emploi global est resté étale à 63,8 %, cette stabilisation dissimule une baisse de la part des emplois en CDI au profit de l'intérim et des CDD. « Ce phénomène montre que le redémarrage de l'activité dans l'industrie est un ajustement technique, de restockage. Avec le risque qu'en 2011, lorsque cet ajustement sera fini, nous ayons encore des destructions d'emplois et une hausse du chômage qui pourrait être de l'ordre de 0,3 % », précise Mathieu Plane, économiste senior à l'OFCE. Baisse du chômage partielSeul aspect positif de ce restockage, la très forte baisse enregistrée du chômage partiel. Selon l'Insee, en effet, avec 92.000 personnes concernées au troisième trimestre 2010, le recours à ce dispositif est en train de retrouver son niveau d'avant-crise. Les salariés, qui avaient été touchés entre la fin 2008 et le début 2010, renouent donc avec des niveaux de rémunération normaux. Deuxième source de préoccupation, l'emploi des jeunes. Car si la situation des seniors marque un léger mieux (lire ci-dessous), celle des 15-24 ans se dégrade fortement. Dans cette catégorie, le taux de chômage a atteint les 24,2 %, en très forte hausse (+ 0,9 %) par rapport à la période avril-juin 2010. Autre mauvais signe, le taux d'emploi des jeunes a baissé de 1 %, pour atteindre 26,8 % au troisième trimestre. « Les jeunes encaissent un double choc. Non seulement ils sont victimes de la baisse des créations d'emploi, mais comme le marché du travail est très dégradé, ils se découragent. Ils ne s'inscrivent plus à Pôle emploi et arrêtent de chercher un job, ce qui se voit dans la baisse de leur taux d'activité », reprend Mathieu Plane. Faute de pouvoir peser sur le marché du travail lui-même, syndicats et patronat souhaitent mettre en place des dispositifs en matière de logement, de transport ou de formation qui facilitent l'insertion dans l'emploi des moins de 25 ans. Le gouvernement table, lui, sur un nouveau plan de relance de l'alternance. Pas sûr que ces initiatives suffisent à infléchir durablement la courbe du chômage des jeunes.
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