Sans la visite que Nicolas Sarkozy as'apprête à faire en Inde, la France aurait une nouvelle fois failli laisser échapper un contrat d'armement pourtant largement à sa portée. C'est l'histoire abracadabrantesque de près de dix ans de négociations portant sur la modernisation de 51 Mirage 2000-H indiens sur fonds de rivalité franco-française comme seule l'industrie de défense française peut en créer. Quand il est enfin acquis au coeur de l'été dernier que le Chef de l'Etat effectuera une nouvelle visite de travail en Inde, cette fois-ci accompagné par Carla Bruni -pas encore remarié, il était parti seul lors de son premier voyage en janvier 2008- les industriels de l'armement mais aussi les hauts fonctionnaires français font le point sur les dossiers qui pourraient faire l'objet d'une signature, voire d'un protocole d'accord, pour faire de ce deuxième voyage à Delhi un succès commercial pour Nicolas Sarkozy.Bien évidemment la modernisation des Mirage 2000 est au sommet de la pile des dossiers. Horreur: ce contrat tant de fois annoncé mais jamais signé fait encore l'objet de discussions interminables entre l'Inde et les industriels français sur la question de l'arbitrage, les Indiens voulant en cas de litige le régler sur leur sol. Thales s'y oppose et plaide pour un règlement international. En France, l'électronicien et Dassault Aviation ne sont pas forcément sur la même longueur d'ondes, l'avionneur n'ayant comme priorité que le seul Rafale. Cette divergence semble fatale au futur contrat. C'est compter sans l'initiative salutaire de l'ambassadeur de France en Inde, Jérôme Bonnafont, qui envoie à l'automne une longue note à l'Elysée sur l'attitude des industriels et sur les blocages du dossier, selon des sources concordantes. La présidence, qui veut des contrats prêts à être signés à Delhi, tape du poing sur la table. Le secrétaire général de l'Elysée Claude Guéant convoque séparément les deux patrons de Dassault Aviation et Thales, Charles Edelstenne et Luc Vigneron, pour les enjoindre à oeuvrer et faciliter la signature de ce contrat.Derniers obstaclesVers la fin octobre, Thales envoie même une grosse équipe pour négocier et lever les derniers obstacles avec les Indiens. Les Français parviennent à un compromis : s'il y a litige, il sera examiné par une cour d'arbitrage à Zurich tout en respectant certaines conditions de la partie indienne, selon des sources concordantes. Et Nicolas Sarkozy devrait in fine signer à Delhi un protocole d'accord portant sur un contrat ce modernisation de 51 Mirage 2000-H d'un montant de 2,2 milliards de dollars, dont 900 millions d'euros pour l'armement (près de 500 missiles air-air Mica de MBDA et rénovation du système de lancement), selon nos informations. Les industriels prévoient de signer un contrat définitif au début du printemps, en mars. Michel Cabirol

latribune.fr

02 Déc 2010, 23:21

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