Les naïfs et le pouvoir d'achat

Les Français sont vraiment nuls en économie. Alors que le chômage monte, voici les routiers, les restaurateurs et les employés de banque qui demandent des augmentations de salaire. Sans le savoir, ces rustres piétinent le beau jardin de la théorie de l'économie de marché. Ils insultent des générations de nobélisés. S'ils avaient un tant soit peu de culture, ils sauraient qu'on ne peut aller à rebours de la courbe de Phillips et des équations de Milton Friedman : quand le rapport de force est défavorable au travail, les salaires n'augmentent pas. En clair, quand ça va mal, on la ferme. À la décharge de ces pauvres diables, leur esprit fragile a pu être corrompu par des discours politiques séducteurs. Il n'y a pas si longtemps, un candidat à l'élection suprême ambitionnait d'être le « président du pouvoir d'achat ». L'impétrant ayant été élu, certains ont benoîtement pensé qu'il fallait prendre ce slogan au pied de la lettre, et que les chiffres allaient suivre. Un an plus tard, ils ont pu croire que Frédéric Lefebvre et éric Besson, hommes politiques de l'UMP, allaient vraiment soumettre, comme ils l'ont annoncé, une proposition de loi sur le partage de la valeur ajoutée. Les naïfs. Entre-temps, le bretteur Lefebvre, professionnel du coup d'éclat sans suite, a trouvé d'autres combats. Quant à Besson, ministre de l'Identité nationale, il ne s'intéresse plus aux salaires, mais au? sale air des immigrés afghans et travaille à soigner la France du mal de la burka. On l'appelle désormais le « muezzin malgré lui ». D'autres ingénus enfin ont pu voir les indicateurs économiques redresser la tête, entendre le discours gouvernemental sur la reprise et imaginer que le temps des fêtes et feux d'artifice allait revenir, comme avant la crise. Les pauvres. Laissons ces simplets dans leur médiocrité, l'étendue de leurs lacunes nous laisse sans voix. Si l'on peut pardonner l'ignorance, on ne peut en revanche tolérer la bassesse de ceux qui tirent argument du retour des bonus dans la banque pour demander une rallonge sur leur feuille de paie. Quel cynisme révoltant ! S'en prendre aux milliards de la finance pour justifier sa propre cupidité, voilà un comportement indigne. À relier ainsi entre elles des choses sans rapport, on finirait par prouver que la terre est plate. Et dire que Luc Chatel, notre ministre de l'Éducation nationale, voulait supprimer l'enseignement de l'économie dans les lycées ! Cet homme est trop confiant sur la nature humaine : il faut former nos jeunes à l'économie dès la [email protected] françois lenglet
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