Un plaidoyer pour l'avenir du pétrole

Dans un monde aussi accro à l'or noir que le nôtre, la question des réserves disponibles est un enjeu majeur. Tellement majeur qu'il est souvent biaisé, tant la promesse de barils confère aux États et aux compagnies pétrolières un pouvoir incontestable. Gonflées, sous-estiméees ou même rêvées, les réserves de pétrole qui gisent sous nos pieds sont ici exposées et discutées avec la rigueur mathématique d'un docteur en géologie, qui a passé sa carrière à analyser les hydrocarbures pour l'Institut français du pétrole. D'où un constat réaliste sur les réserves de pétrole ? à ne pas confondre avec les ressources. Les réserves concernent des champs de pétrole où le forage, les puits et les pipelines sont installés. Les ressources, en revanche, concernent des barils qui pourraient être exploités. « C'est comme les réserves de votre cave ; vous ne comptez pas les bouteilles qui sont encore chez le marchand ! » explique Yves Mathieu. Selon lui, les champs qui ne sont pas encore exploités sont exposés à trop de risques pour être comptabilisés en barils : le financement, l'obtention de droits d'exploitation et la géologie représentent autant d'obstacles potentiellement cruciaux.Ainsi, quand le Brésil annonce avoir découvert 50 milliards de barils au large de Rio, le pays laisse flotter un flou artistique sur le statut exact de ces gisements, qui ne sont pour l'instant que des ressources potentielles plutôt que des réserves avérées. Un manque de rigueur dénoncé par « le Dernier Siècle du pétrole ? », qui plaide au contraire pour une méthodologie plus malthusienne, celle qu'adoptent aujourd'hui la plupart des grandes compagnies pétrolières. Ce qui conduit forcément à revoir le nombre de barils disponibles à la baisse. Plutôt que les 1.400 milliards de barils souvent évoqués, Yves Mathieu estime que la planète a aujourd'hui à sa disposition entre 950 et 1.050 milliards de barils.Ce qui n'empêche pas l'auteur de conserver un certain optimisme : les hydrocarbures ne devraient pas manquer dans les trente-cinq années à venir, puisque les réserves évoluent. Les ressources potentielles représentent 6.000 milliards de barils pour le pétrole conventionnel, 3.000 milliards pour les non-conventionnels ; elles sont toutes techniquement exploitables un jour ou l'autre. Reste à savoir à quel coût pour l'économie mondiale, le climat et la biodiversité. Aline Robert « Le Dernier Siècle du pétrole ? La vérité sur les réserves mondiales. Le point de vue d'un géologue », d'Yves Mathieu. Éditions Technip (138 pages, 22 euros).
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