La tension monte

On est devant un conflit majeur. » Jean-Marie Le Guen, le président du conseil d'administration de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) qui est aussi député PS de Paris et l'un des proches de DSK, n'y va pas par quatre chemins. La récente annonce par la direction de l'AP-HP, nommée par le gouvernement, d'un projet de plan stratégique prévoyant la suppression de 4.700 emplois dont une majorité de soignants d'ici à 2014, a mis le feu aux poudres. Si les syndicats du personnel ont logiquement dénoncé ce projet qui vient de leur être présenté, la principale levée de boucliers vient pour l'heure du corps médical.Cette fronde des mandarins est menée par le professeur Pierre Coriat, chef de service à la Pitié-Salpêtrière, qui a été l'un des principaux opposants à la loi hospitalière que Roselyne Bachelot, la ministre de la Santé, a fait voter avec beaucoup de difficultés en juillet. La plupart des médecins hospitaliers occupant des fonctions de responsabilités ont récemment menacé de démissionner de leurs fonctions administratives si le projet n'était pas fortement amendé dans les prochaines semaines. De quoi bloquer le fonctionnement quotidien du premier groupe hospitalier d'Europe, qui est aussi le premier employeur d'Île-de-France (voir graphique). Les médecins et professeurs devraient se réunir le 14 décembre pour décider de la suite qu'ils comptent donner à leur contestation.InquiétudesCette mobilisation des mandarins inquiète évidemment le ministère, surtout au moment où il existe une tension en raison des hospitalisations liées à la grippe A, comme l'a reconnu jeudi dernier Roselyne Bachelot. Voici quelques jours au Sénat, la ministre de la Santé a tenté de faire baisser la fièvre en précisant que le projet de plan stratégique de l'AP n'était qu'un document de cadrage non définitif. Roselyne Bachelot a ajouté que le nombre de suppressions de postes ne serait arrêté qu'au moment du vote du budget 2010, au début de l'année. Benoît Leclercq, le directeur général de l'AP-HP, a confirmé aux syndicats qu'une concertation interviendrait prochainement. Il reconnaît toutefois que la modification en cours des tarifs hospitaliers, désormais basés sur « l'activit頻, contraint l'Assistance publique à économiser plus de 300 millions d'euros d'ici à 2012. L'AP-HP, en revanche, veut maintenir sa capacité d'investissement à 450 millions par an.Mais le plan de l'AP-HP intervient également dans un contexte tendu. Le gouvernement a en effet décidé de faire porter l'essentiel des efforts de réduction des déficits sociaux sur l'hôpital, en Île-de-France comme en régions. Dans une interview au « Monde » du 26 novembre, Éric Woerth a affirmé qu'il « fallait surtout travailler sur la performance de l'hôpital ». Pour cela, le gouvernement table sur le non-remplacement d'une partie des 220.000 personnels hospitaliers qui devraient partir à la retraite d'ici à 2015. « L'AP est victime d'une maltraitance particulière », rétorque Jean-Marie Le Guen, qui rappelle la restructuration en cours au sein de l'AP-HP et les 700 suppressions de postes en 2009 acceptées, elles, par le corps médical. n
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