Divergences sur la libéralisation des marchés

OMCLes 153 pays réunis jusqu'à mercredi 2 décembre à Genève sous l'égide de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) n'avaient pas pour ordre du jour de lancer de nouvelles négociations afin de conclure le cycle de Doha, lancé il y a huit ans avec l'objectif de libéraliser le commerce mondial. Et c'est tant mieux?: les positions des uns et des autres sont encore fort éloignées. Ainsi, le représentant au commerce américain, Ron Kirk, insiste pour que les pays riches comme les États-Unis aient un meilleur accès aux marchés des pays émergents tels la Chine, l'Inde ou le Brésil, tandis que le ministre des Affaires étrangères brésilien, Celso Amorim, considère qu'il ne serait « pas raisonnable d'attendre des concessions unilatérales » de la part des pays émergents. Dans ces conditions, un accord en 2010 paraît peu probable. Forts de leur nouvelle position de locomotive de la croissance mondiale, les pays émergents ne s'en laissent plus compter. La signature, mercredi, d'un accord entre 22 pays émergents abaissant les droits de douane sur tous les produits qu'ils échangent entre eux est une autre illustration de leur volonté d'indépendance. La secrétaire d'État au Commerce extérieur français, Anne-Marie Idrac, se veut pourtant optimiste, au moins sur le constat?: « La bonne nouvelle, c'est que l'OMC fonctionne en tant qu'outil de régulation », dit-elle. La tentation du protectionnisme, durant la crise, a en effet été grande. Toutefois, le directeur général de l'OMC, Pascal Lamy, a réitéré l'intérêt de conclure les négociations au plus vite, et ce afin de donner un nouveau coup de pouce à la croissance mondiale. Les estimations, dans ce domaine, diffèrent?: si le ministre du Commerce chinois, Chen Deming, avance le chiffre de 500 milliards de dollars d'accroissement de la richesse mondiale grâce à une nouvelle libéralisation des échanges, l'étude de l'International Food Policy Research Institute, basé à Washington, table sur des gains annuels de 70 milliards?Faut-il, en tout cas, négocier sur les bases décidées il y a huit ans, alors que le monde a changé?? « Nous proposons une extension du champ de régulation de l'OMC, précise Anne-Marie Idrac. Il faut renforcer les règles sur l'accès aux marchés publics, qui sont insuffisantes. Nous voulons aussi que l'OMC travaille sur le sujet de l'investissement, par exemple, pour lutter contre les discriminations dont peuvent être victimes les investisseurs étrangers. » interactionsL'OMC, en outre, cherche à conforter sa légitimité en prônant, au-delà du commerce, une interaction entre l'Organisation et d'autres instances, tel le Bureau international du travail, afin d'éviter le dumping social, ou un lien entre commerce et environnement, à quelques jours du sommet de Copenhague. À cet égard, l'idée, défendue notamment par la France, de lutter contre les fuites de carbone, fait son chemin, selon Anne-Marie Idrac, de même que celle de libéraliser d'ores et déjà les échanges de biens et de services environnementaux. La Grande-Bretagne milite ainsi pour que les barrières douanières soient réduites sur ces produits sans attendre la conclusion du cycle de Doha.
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