Emballement en 2010 pour le « high yield »

Alors que la période des opérations primaires touche à sa fin bien avant la trêve des confiseurs, en raison de la volatilité des marchés, l'exercice 2010 recèle quelques petites surprises. Cette année, les émissions d'obligations high yield (haut rendement) ont atteint un niveau tout à fait exceptionnel, si l'on en croît l'évaluation de Natixis qui a scrupuleusement compilé les données de Dealogic. Elles ont, en effet, dépassé 30 milliards d'euros dans la zone euro. Soit un niveau historique, sachant que le dernier record remontait à 2006, année hors norme avec un montant total d'émissions « high yield » de 26,7 milliards. Avec quelques très grosses opérations, telles que l'émission de Pernod Ricard (1,2 milliard d'euros), les opérations à répétition de Continental (3 milliards en plusieurs fois), de Heidelberg Cement (1,4 milliard), et surtout de Wind, qui a fait la plus grosse émission à 1,75 milliard d'euros.Nouveaux émetteursLes raisons de cet emballement du marché primaire sont multiples, comme l'explique Thibaut Cuillière, responsable de la stratégie crédit dans l'équipe de recherche de Natixis. D'abord, pour alléger leur bilan des crédits à risque trop gourmands en fonds propres, les banques ont systématiquement poussé leurs clients à convertir ces prêts en obligations négociables. Aussi, de nouveaux émetteurs sont-ils arrivés sur le marché. Côté demande, les acheteurs étaient au rendez-vous : alors que l'environnement des taux a été exceptionnellement bas, les banques privées, en quête de performance pour leurs clients, ont été de gros acheteurs de ces actifs à haut rendement. La collecte de fonds pour ces actifs a été ainsi extrêmement élevée. Et ce, d'autant plus que les résultats des émetteurs se sont fortement redressés durant l'année, et que le nombre de défauts observés pendant la crise de liquidité de 2008 a chuté très rapidement. Cette amélioration de leur profil a ainsi entraîné une baisse des rendements offerts par ces émetteurs à risque, baisse bien supérieure à celle constatée sur les émissions des entreprises les mieux notées : ainsi, le groupe néerlandais de services télécom InterXion qui a sollicité deux fois le marché primaire cette année, a émis en janvier des obligations avec un coupon de 9,5 %, pour revenir début novembre en offrant un rendement sur la même échéance de seulement 8,15 %.
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