Les États-Unis haussent le ton sur les données privées

C'est un ton très inhabituel aux États-Unis, le pays de la liberté du commerce. Le gendarme de la concurrence, la Federal Trade Commission (FTC), a sonné la fin de la récréation sur l'utilisation des données personnelles sur Internet. Dans un discours prononcé le 1er décembre, Jon Leibowitz, président de la FTC, a dressé un constat sévère : « malgrés quelques acteurs responsables, l'autorégulation en matière d'utilisation des données personnelles sur Internet n'a pas fonctionné de manière satisfaisante ».Le président de la FTC soumet en conséquence à débat des propositions avant de suggérer début 2011 une évolution législative. La FTC propose en premier lieu que les entreprises soient plus rigoureuses dans la collecte des données sur Internet (ne collecter que ce qui est légitime au regard de l'objet commercial) et que ces données restent protégées. Surtout, Jon Leibowitz propose que les internautes puissent, à partir de leur navigateur Internet, cocher une bonne fois pour toute une case « je ne veux pas être suivi » (do not track). Une mesure aussi simple que radicale, qui ressemble à la liste rouge pour l'annuaire de téléphone. Menace pour le marketingUn tel dispositif représente une vraie menace pour toute l'industrie du marketing numérique qui émerge. Elle apprend justement à cibler les publicités et propositions commerciales en analysant le comportement des internautes, les sites qu'ils visitent, les recherches qu'ils font le plus fréquemment, etc. Des informations collectées grâce aux cookies, ces mouchards laissés sur les ordinateurs des particuliers. L'autorité américaine de la concurrence en a assez des « conditions d'utilisation » souvent incompréhensibles ou interminables au point que plus personne ne les lit. « Il faut des notices plus claires, courtes et standardisées, afin que les internautes comprennent ce qui est fait des informations qu'ils laissent ». Sans attendre ses recommandation définitives, la FTC met la pression sur les acteurs du marché. Elle demande à Microsoft, Google, Mozilla et Apple d'expérimenter le bouton «Do not track». De même, Jon Leibowitz a prévenu qu'il fallait s'attendre à voir tomber des sanctions dans les prochaines semaines, alors qu'un éditeur de logiciel de contrôle parental a été épinglé mardi pour avoir exploité des données sans avertir ses clients.Jean-Baptiste Jacqu
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.