Envolée fragile du pétrole sur un marché atone

ÉnergieC'est un bouquet final surprenant auquel s'est plié le baril de pétrole, grimpant de 15 % sur les deux dernières semaines de décembre pour revenir frôler les 80 dollars, son plus-haut de l'année. Une envolée qui ne s'explique pas par la consommation : malgré un temps frais aux États-Unis et en Europe, la consommation de fioul est loin de pouvoir commencer à résorber les stocks de produits distillés accumulés dans les pays de l'OCDE. Et les pays producteurs continuent de pomper plus que les quotas officiels. On a ainsi appris jeudi dernier que l'Opep avait extrait 65.000 barils de pétrole de plus par jour en décembre par rapport au mois de novembre.« Le vrai catalyseur de cette hausse a été le manque de volume, pas le manque de pétrole », assure Olivier Jakob, chez Petromatrix. Et de fait, les jeudi 24 décembre et mercredi 30 décembre ont été les deux jours les moins actifs de l'année en termes de barils échangés sur les marchés à terme. En l'absence des traders, l'actualité internationale a eu un fort impact sur l'or noir. Les tensions entre la Russie et l'Ukraine se sont cristallisées non pas sur le gaz mais sur le pétrole, la Russie menaçant de bloquer un pipeline acheminant le gaz vers l'Europe. Des interrogations se sont également formées autour de la capacité de l'Iran, troisième pays exportateur de pétrole, à poursuivre ses extractions d'huile en cas de dégradation de la situation politique, l'hypothèse d'une grève générale n'étant pas écartée par les contestataires du régime. Mais à l'inverse, la production devrait s'intensifier en Irak, après l'attribution de concessions en fin d'année à des compagnies internationales. Pour Deutsche Bank, le pays pourrait produire jusqu'à 2,5 millions de barils par jour en 2010, et atteindre 5 millions de barils par jour en 2015. Selon les géologues, les réserves du pays, qui n'ont pas été réévaluées depuis les années 1970, pourraient s'avérer aussi importantes que celle de l'Arabie Saoudite?avis partagésLe rebond conjoncturel des cours ne devrait donc pas se prolonger sur 2010, une année à propos de laquelle les experts sont partagés quant aux tendances que pourrait suivre le baril. « 2010 sera une année de transition entre la faiblesse de la demande constatée en 2009 et les difficultés de production anticipées en 2011 », prévient Paul Horsnell chez Barclays Capital. La banque anticipe un baril à 85 dollars en moyenne l'année prochaine, contre 90 dollars pour Goldman Sachs, des niveaux qui représenterait un gain de plus de 40 % par rapport au prix moyen de 62 dollars constaté en 2009.Mais en l'absence de facteur majeur, que ce soit une demande qui s'emballe ? ce que personne n'anticipe ? ou des problèmes d'extraction, chacun s'accorde pour estimer que les cours du baril risquent de rester placé sous le signe de la volatilité cette année.
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