« Hermès embauchera 600 personnes en 2011, dont 165 artisans »

STRONG>Comment expliquez-vous une telle hausse des ventes de 19 % en 2010 ?Le mot de « luxus » en latin a deux significations : abondance et raffinement. Nous nous situons dans la deuxième définition depuis toujours, privilégiant les savoir-faire sur les volumes. Or, cette valeur de raffinement est en train de prendre la place de celle d'abondance comme définition première du luxe. Plus prosaïquement, nos vieux marchés matures consomment de nouveau. Les ventes en France progressent de 18 % et en Amérique de 24 %. Certes, il existe un phénomène de tourisme chinois, mais pas seulement. La croissance est bien sûr la plus forte en Asie, avec 38 % et 70 % pour la seule Chine. Mais, même au Japon, les ventes qui chutaient depuis quelques années, augmentent de 8 % dans nos boutiques.Quelle sera, cette année, la stratégie de développement de votre réseau en propre ?Nous sommes désormais plus dans une politique d'extension de nos 340 boutiques existantes, que d'ouvertures tous azimuts. Nous ouvrirons encore dix boutiques en 2011, mais dans les nouvelles villes de Chine ou d'ex-URSS. Ailleurs, nous voulons étendre les espaces existants pour présenter notre gamme complète. La boutique de la rue de Sèvre, ouverte en novembre à Paris, est un tel succès que nous devons doubler notre équipe de vendeurs. Notre concept dédié aux hommes sur Madison Avenue, à New York, remporte aussi un gros succès mais nous ne l'étendrons pas car l'univers mixte présente une grande richesse. Par exemple, notre parfum pour homme, Terre d'Hermès, est beaucoup acheté et porté par les femmes.Quelles sont vos prévisions pour 2011 ?Je reste très prudent car les menaces macroéconomiques, telles que les défaillances de pays ou les fortes variations en Bourses, sont très nombreuses. Cela peut affecter la confiance et donc les ventes de luxe, qui ne sont pas des produits de première nécessité. Nous attendons un chiffre d'affaires en croissance de 8 % à 10 %, d'autant que notre capacité de production n'est pas extensible. Nous aurions pu fabriquer plus et gagner davantage en 2010, mais nous arbitrons toujours en faveur de l'excellence de nos objets. Je suis tout de même confiant car après les 350 embauches, dont 125 artisans, l'an dernier, nous créerons encore 600 emplois en 2011, dont 165 artisans. Or, quand Hermès embauche un artisan, c'est pour la vie.Vous proposez un euro de dividende, doit-on s'attendre à plus ?Il s'agit d'un acompte équivalent au montant de l'an dernier, mais ce sera à l'assemblée générale de décider du chiffre final. Le dividende reste faible du fait de la forte valeur du capital et cela satisfait très bien les familles actionnaires, car le gain en capital a été considérable. Je vous rappelle que l'action est passée de 5 euros lors de l'introduction en Bourse en 1993, à 150 euros aujourd'hui. Et il n'y a pas de raison que cela s'arrête car l'évolution du cours dépend avant tout de la santé financière de l'entreprise, plus que de la spéculation.Que se passera-t-il si un membre de la famille veut vendre et qu'il n'y a pas d'acheteur familial ?Le système est monté de telle façon que les 72 % détenus par la famille le reste éternellement. La holding pourra racheter grâce aux dividendes qui constituent une réserve de cash. Les familles Hermès ne se considèrent pas comme propriétaire mais comme passeur. Tous les actionnaires d'Emile Hermès, sauf un pour des raisons techniques, ont accepté d'apporter une partie de leurs actions dans la holding afin d'arriver à un seuil de 51 %. 11 % d'actions supplémentaires, détenues par ces mêmes familles, ne pourront être vendues qu'à la famille. Enfin les 10 % restant entre 62 % et 72 % ne sont pas engagés dans des pactes d'actionnaires.
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