La prévention des inondations n'est pas une priorité budgétaire

La prévention des catastrophes naturelles n'est pas le fort de l'État. C'est l'amer constat que fait la Cour des comptes dans l'un des chapitres de son dernier rapport annuel intitulé « L'État face à la gestion des risques naturels : feux de forêts et inondations ».Alors que le ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, a annoncé hier à L'Aiguillon-sur-Mer (Vendée) une aide de 20 millions d'euros pour les ostréiculteurs et une aide d'urgence de 5 millions d'euros pour les agriculteurs sinistrés par la tempête Xynthia, la cour dénonce le flou artistique qui caractérise les moyens budgétaires alloués à la prévention des catastrophes naturelles. Et surtout, fait ressortir l'absence de forte volonté des responsables politiques en matière de prévention.L'exemple des Papi, ces programmes d'actions de prévention des inondations, est parlant. Programmes spécifiques dont la vocation est essentielle - puisqu'il s'agit de construire et, si besoin, (ré)organiser des zones entières afin de les garantir au maximum contre un ou plusieurs risques parfaitement identifiés -, ils ne représentent qu'une infime dépense pour l'État. Sur la période 2003-2008, le coût de mise en oeuvre de ces Papi a été évalué par les services compétents à 495 millions d'euros. Pour y parvenir, l'État n'a déboursé que 84 millions d'euros. Le reste a été financé à hauteur de 97 millions d'euros par le fonds de prévention des risques naturels majeurs (FPRNM), dont les ressources proviennent de cotisations obligatoires sur certains contrats d'assurance, ainsi que par les collectivités locales.Plus globalement la Cour des comptes évalue les dépenses budgétaires consacrées à l'ensemble des risques de catastrophes naturelles à 759 millions d'euros (participation du FPRNM comprise, chiffres 2006), dont 392 millions dévolus aux missions de la Sécurité civile. Dans cette enveloppe, les crédits consacrés aux inondations atteignent la somme de 135 millions d'euros.amnésie des pouvoirs publicsAu-delà des chiffres proprement dits, dont chacun jugera s'ils sont satisfaisants ou pas, la cour pointe ce qui s'apparente à une forme d'amnésie des pouvoirs publics. Sous le paragraphe « Un suivi insuffisant des leçons des catastrophes », les sages de la rue Cambon dénoncent « les importantes lacunes » dans « le suivi des mesures préconisées à la suite des catastrophes de la dernière décennie ». Selon les rédacteurs, ce déficit d'action est notamment la conséquence du fait qu'« aucune administration, ni aucun haut fonctionnaire, n'a le statut de référent national chargé d'animer la politique de l'État vis-à-vis des risques dans toutes ses composantes ». Un peu plus loin dans le rapport, il est également relevé le manque de transparence dans l'utilisation des crédits budgétaires. « Le recensement, l'identification et l'estimation des coûts induits par les catastrophes naturelles présentent d'importantes lacunes. L'évaluation des dégâts écologiques des inondations [...] reste inexistante ». Du coup, s'interroge la cour, « faute d'informations suffisantes, les choix de l'État ne peuvent être faits de manière rationnelle ».
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