La nomination du nouveau gouvernement ukrainien se fait attendre mais le départ de Ioulia Timochenko, congédiée par le Parlement, représente une étape essentielle. Lâchée après sa défaite par un camp « orange » déjà très divisé avant les élections, elle claque rageusement la porte du gouvernement sans même attendre qu'un nouveau chef de cabinet soit désigné. Un geste qui ne la remontera pas dans l'estime de la communauté d'affaires, déçue par un règne marqué par son imprévisibilité. Ioulia Timochenko n'a reconnu ni sa défaite (le dernier scrutin présidentiel était truqué selon elle) ni la légitimité du nouveau président Viktor Ianoukovitch. Ce dernier, décrit comme plus proche de Moscou que de l'Europe, mais paradoxalement favori de la communauté d'affaires, remporte donc une nouvelle bataille après son élection. Coalition indispensableMais la guerre est loin d'être finie car la formation d'une coalition indispensable pour gouverner ne sera pas une tâche facile, vu les fréquents basculements de majorité au Parlement. Il lui reste trente jours pour former une coalition et deux mois pour former un gouvernement. Les favoris pressentis pour prendre la tête de l'exécutif sont le très étatiste et prorusse Mykola Azarov, l'ancien banquier central Serguei Tigipko, et le jeune ex-ministre des Affaires étrangères, Evgueni Yatseniuk.L'Ukraine a bien besoin de stabilité politique pour surmonter la crise économique qui s'est violemment abattue sur le pays. Son PIB s'est contracté de 15 % en 2009. Le gouvernement éprouve les pires difficultés pour faire face à ses dépenses budgétaires et pour rembourser sa dette extérieure. Échaudé par les promesses dépensières et démagogiques des candidats, le Fonds monétaire international, qui a accepté de prêter au pays 16,4 milliards de dollars, a suspendu le versement de la dernière tranche du crédit au second semestre 2010, plaçant le futur gouvernement dans une situation très délicate.Emmanuel Grynszpan, à Kiev

latribune.fr

03 Mars 2010, 23:18

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