Poweo conditionne sa survie à un prix de l'électricité de 38 euros

STRONG>Vous avez encore creusé vos pertes en 2010 avec un déficit de 133,4 millions d'euros. À quel prix doit être fixé l'Arenh pour que Poweo continue son activité en France ? Nous visons une marge brute de 9 à 12 euros le mégawattheure (MWh), ce qui correspond à un prix de l'électricité revendue par EDF de 38 euros le MWh. À la condition que l'Arenh couvre 85 % des besoins de consommation d'un client particulier. EDF campe sur 42 euros le MWh, GDF Suez demande 35 euros. Vous estimez qu'à 38 euros, Poweo pourra racheter à son actionnaire Verbund ses deux centrales à gaz cédées en février dernier ? Ce niveau de prix est une condition nécessaire mais pas suffisante. Avec un Arenh à 38 euros, notre activité ne sera pas autosuffisante pour revenir sur la production. Il faudra alors élargir le tour de table de Poweo. On estime qu'une marge brute de 9 euros serait la limite inférieure pour développer une clientèle de particuliers. Cela ne nous rapporterait pas beaucoup d'argent mais permettrait à Poweo de devenir d'ici 2016 le troisième opérateur en France, derrière EDF et GDF Suez. Nous visons à cet horizon 2,5 millions de clients électricité et gaz contre 400.000 aujourd'hui, grâce au développement d'offres commerciales innovantes. En 2013, en vertu de la loi Nome, un marché de capacité verra le jour. Cela constituera une opportunité pour un acteur intégré comme Poweo disposant de moyens de production de semi base et de pointe. On pourra alors se tourner vers le marché et attirer de nouveaux investisseurs qui nous permettront d'exercer notre option de rachat des centrales cédées. Vous envisagez toujours un rapprochement avec Direct Energie ?Pour devenir le troisième acteur en France, nous pouvons soit conquérir nous même cette clientèle et cela a un coût, soit accélérer notre croissance grâce à un rapprochement qui nous permettrait de réaliser des économies d'échelle. Direct Energie fait partie des possibilités, à condition que Poweo, qui est coté, l'intègre. D'autres entreprises offrent des perspectives aussi séduisantes, notamment des acteurs du gaz puisqu'il est impossible de développer une clientèle de particuliers et de professionnels en électricité sans proposer le gaz. Allez-vous amorcer des discussions sérieuses avec Direct Energie dès la publication des modalités de la loi Nome ?Des conditions favorables encourageraient notre volonté de construire ensemble le troisième opérateur français. Le marché hexagonal ne peut pas se contenter de rester un pré-carré sur lequel se disputent les deux anciens détenteurs des monopoles sur l'électricité et le gaz.Êtes-vous confiants dans les chances d'obtenir un tel niveau de prix pour l'Arenh ? Nous fondons de grands espoirs sur la loi Nome et sa capacité à ouvrir à la concurrence tous les segments de marché, y compris les particuliers. La France s'est d'ailleurs engagée dans ce sens auprès de Bruxelles. D'autant que cette ouverture, d'une portée symbolique très importante, se traduirait par de faibles volumes. Le doublement de la part de marché actuelle sur les particuliers de GDF Suez, Direct Energie et Poweo, les trois principaux concurrents d'EDF, ne représenteraient que 15 térawatt heure, soit 15 % des 100 TWh qu'EDF doit vendre, au maximum, aux autres opérateurs. Si notre espoir est déçu, il faudrait arrêter l'activité. Jamais nos actionnaires n'accepteraient de continuer à perdre de l'argent alors qu'ils ont investi 1.2 milliards d'euros. Loïc Caperan, directeur général de Poweo
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