Marc Ladreit de Lacharrière prône le « ? capitalisme de solidarité ? »

Paradoxe ? Sa fortune personnelle dépasse allègrement le milliard d'euros. L'une des plus grosses de France. Il est l'un des chantres de l'économie mondialisée. Il détient Fitch Ratings, l'une des plus importantes agences de notation financière. Marc Ladreit de Lacharrière possède, en apparence, tous les traits du capitaliste impitoyable. Un profil caricatural à jeter en pâture dans les milieux d'extrême gauche...Et pourtant, le dirigeant de Fimalac n'a vraiment rien à voir avec ce portrait simpliste. Capitaliste ? Certes, il l'est et le revendique même. Mais égoïste, froid et indifférent à la misère des autres, ça non. Lui qui prône la notion de « capitalisme de solidarit頻 s'implique de longue date dans la vie de la cité. Dès le milieux des années 1990, il fut l'un des premiers à adhérer à la « Fondation agir contre l'exclusion » (Face), pilotée par Martine Aubry. D'autres et multiples actions suivront jusqu'à la création, en 2006, de la Fondation Culture & Diversité qui favorise l'accès des jeunes issus de l'éducation prioritaire aux arts et à la culture. Avec succès. Cette fondation est la seule à avoir signé une convention avec les deux ministères de l'Éducation nationale et de la Culture. Elle « suit » des jeunes des quartiers difficiles souhaitant intégrer des métiers liés aux arts et à la culture, via par exemple, l'École du Louvre, la Femis ou encore les écoles d'architecture. Après avoir été « repérés » avec l'aide des professeurs, les élèves sont orientés, soutenus et perçoivent une bourse. Et ce pour une durée de cinq ans. Voire neuf ans pour ceux désirant passer le concours de conservateur de musée. Depuis sa création, environ 10.000 jeunes défavorisés ont bénéficié des actions de la Fondation Culture & Diversité.N'allez surtout pas dire à Marc Ladreit de Lacharrière que sa fondation - dont la soirée annuelle est courue par le tout-Paris - lui permet « d'avoir bonne conscience ». Il vous rétorquera immédiatement : « Bonne conscience de quoi ? Je n'ai aucun compte à rendre à personne. J'ai créé mon propre groupe, je n'ai hérité de rien. » Alors, d'où vient ce souci de faire profiter les autres de sa richesse et de sa réussite, quand tant de ses pairs n'ont absolument pas les mêmes préoccupations ? « Il faut remonter loin dans le temps pour comprendre, livre le patron de Fimalac, qui aura 70 ans à la fin de l'année. Je suis issu d'une vieille famille ardéchoise qui m'a inculqué des valeurs de solidarité. On m'a sans cesse répété la nécessité de se mettre au service des autres. Aussi, quand j'ai créé mon groupe en 1991, j'ai certes d'abord veillé à développer mon chiffre d'affaires. Mais la réussite ne peut être une fin en soi, il convient de la mettre aux services d'idéaux, des autres. D'où mes diverses implications dans l'insertion des jeunes, des immigrés ou dans le mécénat culturel. » C'est ce qu'il appelle le « capitalisme de solidarit頻 qu'il définissait récemment dans un article publié dans la « Revue des deux mondes » (dont il est le propriétaire) : « Il faut savoir rendre à son pays quand la vie vous a comblé. La réussite professionnelle [...] doit aller de pair avec une responsabilité sociale au service de la cité. » Lui, donc, donne à son pays en favorisant l'insertion des jeunes, via la culture et les arts (sa passion). « La culture fonde l'identité d'un pays, elle est un puissant facteur de lutte contre les discriminations. » Obstiné, Marc Ladreit de Lacharrière milite pour que les dirigeants des grands groupes le suivent dans cette voie : « Pourquoi ne s'engageraient-ils pas personnellement en mettant une partie de leurs bonus et stock-options dans les projets de solidarité adoptés par leur conseil d'administration ? Le personnel de l'entreprise pourrait ainsi constater avec fierté que leurs dirigeants sont solidaires. » Vaste programme. ? Demain : entretien avec Vincent Prolongeau, directeur général de PepsiCo France.
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