Jean-Louis Dasseux : le Béarn et la biologie à la tête de Cerenis

En France, on peut créer une société dans les biotechnologies à condition d'avoir un bon programme. On peut attirer des capitaux du monde entier en province. Chez Cerenis Therapeutics, nous avons les meilleurs fonds internationaux dédiés aux sciences de la vie comme Sofinnova Partners, le suédois Healthcap, Orbimed, l'américain Alta Partners, l'allemand TVM ou le japonais Daïwa », explique le Dr Jean-Louis Dasseux, qui a fondé cette société à Toulouse en 2005. Le Fonds stratégique d'investissement (FSI) vient d'investir 20 millions d'euros et Oséo 10,7 millions d'euros dans Cerenis et Novasep. La spécialité de ce Béarnais de 50 ans (originaire de Nay, entre Pau et Lourdes) : les HDL, les lipoprotéines de haute densité, couramment appelées le « bon cholestérol ». Les HDL transportent le cholestérol en excès depuis les parois vasculaires jusqu'au foie pour l'éliminer par les voies naturelles. Leur action permet de réduire les dépôts de plaque d'athérosclérose dans les vaisseaux sanguins, à l'origine des maladies cardio-vasculaires et des maladies métaboliques liées à l'excès de cholestérol. « À cinq ans, je savais que je voulais devenir biologiste. J'étais fasciné par cette discipline. Je réclamais des livres. Au lycée, on m'appelait le prof », s'amuse le co-fondateur, directeur général de Cerenis. Titulaire d'un doctorat en physico-chimie de l'université de Bordeaux et d'un MBA de l'université du Michigan, Jean-Louis Dasseux a effectué plusieurs années postdoctorales à l'université de Laval à Québec, au département de biophysique de l'université de Knoxville (Tennessee) et au laboratoire européen de biologie moléculaire à Heidelberg en Allemagne, alors considéré comme l'antichambre des Prix Nobel en Europe. Il fut l'un des premiers à développer le concept de HDL mimétique quand il dirigeait le laboratoire Fournier à Heidelberg, spécialisé dans les maladies cardio-vasculaires, qu'il a créé en 1988 alors qu'il avait à peine 30 ans.Une soixantaine de brevetsCo-inventeur d'une soixantaine de brevets, il est l'inventeur du complexe « ETC-642 ». En 1998, il emporte le brevet chez Esperion Therapeutics Inc aux États-Unis. En 2003, Esperion prouve qu'on peut diminuer la plaque d'athérome en utilisant des HDL. Tous les géants mondiaux de la pharmacie approchent la société pour signer des accords. En février 2004, Esperion est vendu à Pfizer pour 1,3 milliard de dollars (+ 1.400 % de retour sur investissement). C'est la plus grosse transaction dans les biotechnologies à l'époque. « J'ai connu le rêve américain, un grand rêve », confie le docteur Dasseux, père de deux garçons, nés en Allemagne et aux États-Unis. Il « décide de faire autre chose ». Et réfléchit à la définition d'un nouveau processus pour produire la protéine HDL. Puis se rend en Allemagne, en Suisse. Finalement, Cerenis - comme sérénité - sera implanté à Toulouse, capitale des maladies cardio-vasculaires. « On veut devenir une société pharmaceutique et être sur le marché en 2017 », confie Jean-Louis Dasseux. Un marché qu'il évalue entre 8 et 10 milliards d'euros par an.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.