Pourquoi les maires bâtisseurs ont tant de mal à se faire réélire…

La campagne pour les élections municipales de mars 2014 ne fait pas exception à la règle : durant cette période, les maires n\'autorisent plus de projets de construction d\'envergure, de peur de susciter le mécontentement de leurs administrés lors des élections. Ce malthusianisme foncier des maires bat son plein dans les communes périurbaines, où les ménages qui y emménagent le font pour le confort de vie et pour fuir les tumultes des centre-villes. Ils ne voient pas d\'un bon œil les opérations de densification. \"Un maire bâtisseur battu est une réalité de terrain très substantielle\" dans ces communes, reconnaît l\'économiste Vincent Renard, directeur de recherche au CNRS.L\'inertie, la passivité et la rétention, des maladies bien françaisesCes comportements bloquent de manière non négligeable l\'alimentation de l\'offre de logements, pourtant indispensable à un moment où les besoins des Français sont criants : il manque entre 800.000 et un million de logements en France. Ce qui fait dire à Vincent Renard que la vraie maladie française en matière d\'immobilier n\'est pas la spéculation \"mais l\'inertie, la passivité, la rétention\".Certains maires arrivent tout de même à se faire réélire en construisant. \"Dans les petites communes rurales par exemple, où les terrains sont abondants, les maires distribuent de façon plus généreuse les droits à construire\", indique Clotilde Buhot, chargée de recherche à l\'Adef, le \"Think tank du foncier\". De même dans les grandes villes, les maires qui mettent l\'accent sur la rénovation urbaine sont appréciés.Les Français perdent le sens du bien communReste que la tendance globale n\'est guère réjouissante. Maire bâtisseur depuis plus de 10 ans à Sceaux, dans les Hauts-de-Seine, Philippe Laurent porte un regard inquiet sur l\'évolution des relations dans notre société. Pour lui, plus qu\'avant \"il faut de la ténacité\" pour faire accepter aux habitants qu\'il est nécessaire de construire dans leur ville.\"Toutes constructions nouvelles sont assimilées à une perte de qualité de vie\", explique-t-il, avant d\'ajouter qu\'il constate \"une évolution assez problématique des mentalités : la peur de l\'arrivée de l\'autre s\'accentue ; et le sens du bien commun est un peu plus atténué chez un certain nombre de nos concitoyens qu\'il ne l\'était il y a quelques années\".Que faire alors pour changer la donne ? Une mesure très concrète serait que l\'État soutienne les maires bâtisseurs par des aides supplémentaires pour construire les équipements accompagnant les logements. ce qui permettrait de lutter contre la \"bétonisation\" de certains quartiers. Une crainte souvent mise en avant par les habitants.
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