Saria va méthaniser les déchets d'abattoirs

La valorisation des résidus organiques tels que des sous-produits d'abattoirs et d'usines agroalimentaires, des déchets de restaurant ou encore des effluents d'élevage (fumier, fientes) s'industrialisent. Ainsi, après avoir construit en juin dernier une première usine de méthanisation à Benêt, en Vendée, capable de traiter 40.000 tonnes de déchets, le groupe Saria vient d'obtenir l'autorisation d'en installer une deuxième à Issé, en Loire-Atlantique.Opérationnel dans un an, ce méthaniseur d'une capacité de 58.000 tonnes transformera par fermentation naturelle les déchets organiques en biogaz et les matières résiduelles en fertilisants. Ce biogaz alimentera ensuite un moteur qui produira de l'électricité et dont la chaleur sera récupérée. Ainsi, l'installation produira 17.500 mégawattheures (MWh) d'électricité, soit l'équivalent de la consommation de 2.500 foyers, 19.000 MWh de chaleur (soit 1.600 tonnes de pétrole économisées) et 220.000 unités d'azote permettant de fertiliser naturellement 2.200 hectares de cultures.Pour porter ce projet de 10 millions d'euros devant créer 23 emplois, Saria, filiale française du groupe allemand Rethmann spécialiste de la méthanisation, s'est associée, au sein d'une société nommée Valdis dont elle détient 51 %, à quatre autres partenaires dont les intérêts pour cette affaire sont complémentaires. Terrena (qui possède 34 % de Valdis), premier groupe coopératif français, y recyclera des déchets d'abattoirs et utilisera le fertilisant naturel issu de la méthanisation pour permettre à ses adhérents agriculteurs de réduire l'utilisation d'engrais chimiques. Castel Viande (22.000 tonnes d'abattage, 85 millions d'euros de chiffre d'affaires), qui détient 9 % de Valdis, bénéficiera à proximité de son abattoir de Châteaubriant d'une filière de valorisation de ses sous-produits. SAS Agrosynergie (1 % de Valdis), groupement d'agriculteurs locaux, valorisera de son côté les effluents d'élevage de ses partenaires. Enfin, Verdesis (5 % de Valdis), filiale d'EDF Énergies Nouvelles spécialisée dans la production d'électricité à partir de biogaz, se chargera d'injecter dans les réseaux de distribution l'énergie produite par la nouvelle société.Manque à gagner colossalL'enjeu n'est pas mince, car depuis la crise de la « vache folle » au début des années 2000 qui avait limité les possibilités de valorisation du cinquième quartier (la partie d'une carcasse non utilisée) notamment en farines et graisses animales, le manque à gagner est colossal pour la filière. « La méthanisation permet de reconquérir des débouchés pour ces sous-produits qui sont, pour la plupart, enfouis et ainsi retrouver une meilleure valeur ajoutée », assure Patrick Coelenbier, directeur de la communication du groupe Saria. Il prévient toutefois qu'il faut « quinze ans pour amortir une installation de méthanisation ».
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