Emirates souhaite davantage de vols vers l'Hexagone, pour mieux défier Air France

Chacun aiguise ses armes. À trois semaines des négociations toujours tendues entre la France et les Émirats arabes unis (EAU) sur les autorisations de vols (droits de trafic), les compagnies aériennes des deux camps affûtent leurs arguments. En particulier les deux rivaux, Air France et Emirates.Attaquée par les compagnies du Golfe qu'elle accuse de siphonner ses marchés naturels grâce aux moyens colossaux de leurs États-actionnaires, Air France demande aux autorités de cesser d'accorder des vols supplémentaires aux transporteurs comme Emirates (Dubaï), Etihad (Abou Dhabi) ou Qatar Airways (qui ne fait pas partie des EAU). L'attaque tricolore n'est certes pas nouvelle. Mais jamais elle n'a été aussi intense qu'au cours de ces derniers mois, menée par le directeur général Pierre-Henri Gourgeon en personne.En face, Emirates estime, au contraire, ses demandes justifiées. « Nous souhaitons un vol supplémentaire à Paris et un ou deux vols de plus au départ de province », expliquait mercredi le directeur général France d'Emirates, Jean-Luc Grillet. « Ceci est justifié par la croissance du nombre de passagers. En juillet et août, par exemple, les coefficients d'occupation de nos avions entre Paris et Dubaï [deux vols par jour, Ndlr] ont été extraordinaires puisqu'ils ont atteint 98 %. C'est du jamais vu », se félicite-t-il. Pour autant, chez Air France, on rappelle que l'essentiel des passagers d'Emirates (un tiers) entre Paris et Dubai ne s'arrête pas à Dubai mais prend une correspondance pour une autre destination.Obstacles en sériePour appuyer sa volonté d'étendre ses ailes en région au-delà de Nice qu'elle dessert déjà, la compagnie de Dubaï estime que ses demandes sont cohérentes avec le projet de privatisation partielle des grands aéroports régionaux.Cependant, les obstacles au développement d'Emirates en France se retrouvent au moins autant chez Air France que dans les Émirats. En juin, lors de l'échec des précédentes négociations, Emirates avaient pâti de la multiplication des requêtes de l'ensemble des compagnies des Émirats. Au total, Abou Dhabi, Dubaï et Sharjah demandaient sept vols quotidiens supplémentaires vers la France, dont quatre vers Paris. Soit plus du double du nombre de vols proposés aujourd'hui par Etihad et Emirates ! Face à cette requête, Paris - qui ne demandait rien - avait seulement accordé à Emirates la possibilité d'ouvrir immédiatement la ligne Lyon-Dubaï, à raison d'un vol par jour. Dubaï a renoncé par solidarité avec Abou Dhabi, dont la délégation avait quitté Paris furieuse.Aujourd'hui, chaque émirat accentue son lobbying en France. Au plus haut niveau. Intransigeante en juin, la position française pourrait bouger en novembre, selon des proches du dossier. Les liens entre Abou Dhabi et Paris, mais aussi des intérêts stratégiques comme la vente du Rafale, pourraient jouer en faveur d'Abou Dhabi et par ricochet d'Etihad. Au détriment d'Emirates ?
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