En voulant s'emparer de Zain, l'émirati Etisalat confirme ses ambitions au-delà du Golfe

Quelques mois après s'être fait souffler sous le nez le marocain Méditel par Orange, Etisalat est en passe de prendre une belle revanche dans la chasse mondiale aux opérateurs de télécommunications en croissance. Le groupe des Émirats arabes unis est prêt à débourser 12 milliards de dollars (8,5 milliards d'euros) pour acheter 51 % du capital de son concurrent koweïtien Zain, principalement auprès du groupe Khorafi à l'origine du mouvement de cession.Les travaux d'audit viennent de débuter. Ils devraient s'achever à la mi-janvier, ce qui permettrait de définitivement signer l'opération avant la fin du premier trimestre 2011. Une condition suspensive doit notamment être levée : la vente par Zain de sa filiale en Arabie Saoudite, un pays dans lequel Etisalat est déjà présent.Cette opération, la plus importante dans la région depuis le rachat, en 2007, de la filiale de plastique de General Electric par Saudi Basic Industries, donnerait un accent international encore plus marqué à Etisalat.Avec 100 millions d'abonnés, l'opérateur des Émirats est déjà présent dans 18 pays, de l'Afrique de l'Ouest à l'Indonésie, mais il réalise encore les trois quarts de son chiffre d'affaires cumulé (6 milliards d'euros en 2009) dans les Émirats où le marché est largement saturé avec un taux de pénétration de 100 % dans la téléphonie mobile.Grâce aux actifs de Zain, Etisalat prendrait pied dans sept pays dans lesquels il n'est pas encore présent : Bahreïn, Jordanie, Koweït, Irak, Soudan, Liban et Maroc, pour certains en très forte croissance.Zain réalise, par exemple, 1,1 milliard de dollars de chiffre d'affaires en Irak avec 11,8 millions de clients alors que le réseau ne couvre pas encore totalement le pays. Au 30 septembre 2010, Zain comptait 35,3 millions d'abonnés, 25 % de plus qu'un an auparavant. Le tout avec une marge brute opérationnelle (Ebitda) qui culmine à 44 %.L'opération sonne, en revanche, comme une véritable défaite pour Zain. L'opérateur, détenu à 24,6 % par le fonds stratégique du Koweït, comptait devenir voilà encore quelques années le numéro un dans le Golfe. Des dissensions internes, entre actionnaires et dirigeants, auront provoqué son démantèlement en quelques mois à peine. Cet été, le groupe a déjà accepté de céder 14 de ses actifs africains à l'indien Bharti Airtel pour 10,7 milliards de dollars. Un rapprochement qui constituait alors la plus grande fusion entre deux opérateurs de télécommunications nés dans des pays émergents.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.