Zizanie au sommet de l'État autour du grand emprunt

Finances publiquesLa commission Juppé-Rocard sur le grand emprunt se réunit aujourd'hui pour ce qui devrait être sa dernière séance plénière. Dans l'attente des arbitrages de Nicolas Sarkozy, en décembre, le débat s'enflamme au sein de la majorité entre avocats d'un emprunt « historique » autour de 100 milliards d'euros, conduits par le conseiller élyséen Henri Guaino, et tenants de la rigueur budgétaire, rangés derrière François Fillon et Éric Woerth, qui appellent à la modération dans l'imagination en préconisant la levée de 30 milliards d'euros au plus.Le Premier ministre a tapé du poing sur la table. Devant les députés UMP, dont certains avaient signé lundi dans « Le Monde » une tribune appelant à un emprunt supérieur à 50 milliards, François Fillon a lancé que « les conseillers du président ne font pas partie de l'exécutif ». Plusieurs des signataires du texte avaient reconnu avoir été encouragés dans leur démarche par Henri Guaino et avaient dit avoir agi « en liaison avec des membres de l'exécutif ». « Le pouvoir exécutif était totalement en dehors de cette démarche ! » s'est emporté le chef du gouvernement.croisadeHenri Guaino a de son côté poursuivi sa croisade pour le grand emprunt. Il s'en est pris au ministre du Budget, Éric Woerth, qui avait jugé « irréaliste », au vu de la situation économique de la France, d'aller jusqu'à 100 milliards. « Personne ne peut démontrer que 50, 60, 80 milliards, c'est plus irréaliste, moins réaliste que 20 ou 30 milliards », a-t-il asséné sur i-Télé. « On peut faire un choix politique ? le président de la République le fera ? de 20, 30, 50 ou 100 milliards, mais c'est un choix politique », a-t-il ajouté en tentant de ranimer l'éternel débat entre politiques et technocrates.Éric Woerth a aussitôt répondu qu'il fallait aussi prendre en compte les aspects « techniques » du grand emprunt dans un pays où la dette pourrait frôler les 100 % du produit intérieur brut d'ici à 2013.À l'Élysée, on feint de se féliciter de ce débat au sein de la majorité, mais les prises de position contradictoires à répétition commencent à faire désordre. Un conseiller de Nicolas Sarkozy explique que « les positions prises en ce moment n'engagent que leurs auteurs », une façon de dire que le chef de l'État ne se sent lié par aucun engagement avant de rendre son verdict. « Ils ne se servent ni les uns ni les autres en prenant des positions extrêmes dans leur fourchette », souligne ce conseiller. Pas sûr que cela suffise à clore les débats. Un autre conseiller estime que, « plus on s'approche du moment où la commission Juppé-Rocard va rendre son rapport, plus des voix s'élèveront pour influencer ses conclusions ». Une conclusion où les positions minimalistes de Michel Rocard et dans une moindre mesure d'Alain Juppé font aussi grincer des dents.
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