Comcast redessine le paysage média américain

Nous sommes stratégiquement complets. » Cinq après avoir échoué à mettre la main sur Disney, Brian Roberts, le PDG de Comcast, tient sa revanche. Au terme de huit mois de négociations, le premier câblo-opérateur des États-Unis, fort de 23,8 millions d'abonnés dans le câble et de 16 millions de clients dans l'Internet haut débit, s'apprête à prendre le contrôle de NBC Universal (NBCU), le quatrième groupe de médias américain derrière Disney, News Corp. et Time Warner. Pour cela, Comcast et General Electric vont créer un joint-venture dans lequel le câblo-opérateur détiendra une participation de 51 % et dont le conglomérat dirigé par Jeff Immelt conservera le solde. Dans sept ans, Comcast pourra acquérir l'intégralité de la part détenue par GE. Cette transaction valorise NBCU à hauteur de 30 milliards de dollars.Rendue possible par la cession de la participation de 20 % que détient Vivendi dans NBCU, cette opération doit aboutir à la création d'un géant des médias et des télécoms désireux de diffuser ses programmes sur tout type d'écran (télévision, ordinateur, téléphone portable?). Il entrera directement en compétition avec Disney, le numéro un mondial du divertissement. Comcast va prendre le contrôle d'Universal, l'un des premiers studios d'Hollywood, et des parcs d'attractions du même nom. Il sera aussi à la tête de l'un des quatre grands réseaux de télévision des États-Unis, celui de NBC, ainsi que des chaînes CNBC, MSNBC, The Weather Channel, Bravo, Telemundo et d'une vingtaine de chaînes locales en langue anglaise et espagnole, S'y ajoutent les chaînes qu'il détenait déjà ? E !, the Golf Channel?Ce rapprochement, qui devrait être finalisé d'ici dix à douze mois, va à contre-courant de la tendance dominante dans l'industrie des médias. Tandis que Comcast s'évertue à rassembler sous une même bannière la production de contenus et leur diffusion, Vivendi continue à démanteler le mécano assemblé par son ancien PDG, Jean-Marie Messier, et Time Warner, après avoir scindé ses opérations dans le câble, s'apprête à en faire de même avec AOL. position dominanteLa direction de Comcast se veut rassurante. Elle a prévenu que la formation de ce joint-venture, dans lequel le groupe va injecter 6,5 milliards en numéraire et intégrer ses propres chaînes valorisées à hauteur de 7,25 milliards de dollars, serait « immédiatement relutive ». General Electric, qui obtiendra 8 milliards de dollars lorsque l'opération sera bouclée, a indiqué qu'en moyenne NBC avait rapporté un retour sur investissement annuel de 11 % au conglomérat.« Nous achetons alors que le cycle économique a atteint son point bas et nous nous positionnons pour la reprise », explique Brian Roberts, insistant sur le fait que cette union permettra au groupe de développer des synergies sur Internet et l'avantagera dans les négociations avec les annonceurs. Jeudi, Wall Street a applaudi l'opération. Le titre du câblo-opérateur, qui propose aussi une hausse de 40 % du dividende trimestriel, gagnait 6,8 % à 15,15 dollars à la mi-séance. La direction assure que les autorités américaines n'empêcheront pas cette union. Mais, dès son annonce, Henry Waxman, influent démocrate à la Chambre des représentants, a déclaré que « cela soulève des questions sur la diversité, la concurrence et l'avenir de la production et de la distribution de programmes vidéo ». Comcast devra notamment maintenir l'accès de la chaîne NBC à l'ensemble des téléspectateurs américains et non aux seuls abonnés du groupe et garantir la neutralité d'Internet, c'est-à-dire l'égalité de traitement de tous les contenus sur ces réseaux. Aucun frais de rupture n'est prévu en cas d'annulation du plus gros rapprochement annoncé dans les médias en 2009.
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