Les banques de l'Hexagone plaident pour la supervision à la française

On joue gros. » C'est ainsi que la directrice générale de la Fédération bancaire française (FBF), Ariane Obolensky, résume l'enjeu que constitue l'année 2010 pour un système bancaire certes sauvé du désastre, mais qui doit se réformer en profondeur tout en accompagnant la reprise économique. Les banques françaises appellent ainsi politiques et régulateurs à faire preuve de mesure dans leurs initiatives, à se préoccuper de l'impact global des réformes en cours et à assurer leur harmonisation et leur coordination internationale, faute de quoi le système restera bancal. L'avertissement vaut notamment pour les États-Unis. Tout en saluant le goût retrouvé de l'administration Obama pour la réforme financière, la FBF trouve la « règle Volcker », qui veut limiter la taille et la prise de risques des banques, « compliquée », tant les régulateurs auraient du mal à contrôler la séparation des activités pour le compte des clients et pour leur compte propre. Et « pas très utile », car ces dernières n'ont joué « aucun rôle dans la crise ». Pour la FBF, la vraie priorité est qu'à l'image de l'Europe, les États-Unis appliquent le système prudentiel de Bâle 2, comme ils s'y sont engagés pour 2011. « La préparation n'ayant pas commencé, l'entrée en vigueur risque, au mieux, d'intervenir en retard et partiellement », déplore la FBF. Quant à la notion d'institution systémique, qui mobilise les Américains, la FBF la juge « injustifiée et dangereuse ». « Le problème n'est pas la nature des institutions, mais leur adhérence mutuelle », souligne la FBF. La solution passe donc par des systèmes de compensation sur tous les marchés. Mais aussi par l'octroi au régulateur, comme en France, de pouvoirs d'exception afin qu'ils puissent intervenir de façon « chirurgicale » pour assumer les engagements « systémiques » d'une banque sans la sauver, ce qui permet de maintenir la discipline de marché. Une approche qui aurait sans doute permis aux États-Unis d'alléger la facture du sauvetage d'AIG...Face à ces « distractions » proposées par l'Oncle Sam, la FBF se félicite que le débat réglementaire mondial reste centré sur la solvabilité et la liquidité. À condition toutefois de mettre l'accent sur une analyse fine des risques, au lieu de répondre à tous les problèmes en exigeant indistinctement plus de capital. Elle exprime ainsi ses réserves quant aux nouveaux ratios de liquidité proposés par le comité de Bâle, qui réunit les principaux superviseurs bancaires de la planète. Construits sur des « hypothèses de stress excessives » (assèchement de la liquidité sur tous les marchés sans intervention des banques centrales), ces ratios risquent à ses yeux d'« entraver l'activité de transformation des banques ». « C'est le point le plus problématique de la réforme de Bâle », estime la FBF, qui en discutera la semaine prochaine avec ses homologues de la Fédération bancaire européenne.
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