Le casse-tête du raffinage

Défendre les géants pétroliers est un exercice difficile. Même en fort recul, leurs bénéfices annuels restent obstinément plantureux. Près de 20 milliards de dollars pour l'américain ExxonMobil l'an dernier, plus de 12 pour le britannique Royal Dutch Shell, sans doute près de 8 milliards d'euros pour Total... L'antienne de la profession sur « l'empilement des taxes » a donc peu de chances d'être entendue. Pourtant, le plaidoyer de l'Union Française des Industries Pétrolières, jeudi, mérite un instant d'attention. Si l'amont pétrolier se porte bien, l'aval, le raffinage, est en crise. Pas seulement en France, mais dans tous les pays développés. Les surcapacités mondiales sont évaluées à 7 millions de barils par jour. C'est près de 10 % de la capacité installée. Les marges de la profession se sont effondrées. En Europe comme aux États-Unis, elles sont grosso modo passées de près de 5 dollars par baril à 1,5 ! Nombre de raffineries sont à vendre et ne trouvent pas preneur, même auprès d'industriels russes, chinois ou indiens pressés de s'ouvrir aux marchés occidentaux. Résultat, Shell va arrêter son activité à Montréal ? ce sera la cinquième fermeture en Amérique du Nord en un an ? et Total, reconvertir sa raffinerie de Dunkerque. Cela reste notoirement insuffisant. Il faudrait fermer l'équivalent d'une quinzaine de sites européens pour redonner un peu de tonus au marché. Pourtant, c'est le moment choisi par le gouvernement pour instaurer deux nouveaux impôts « verts », les certificats d'économie d'énergie et la taxe carbone, qui devraient alourdir, respectivement, de 2 et 5 centimes le prix du litre de carburant. Or, toute hausse des prix réduit la consommation. Préservation de l'emploi et politique environnementale sont ici en contradiction frontale. Au moins à court terme. La profession demande un délai de grâce. Un beau cas d'école. [email protected] pierre-angel gay
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