Le centre-gauche italien tente de séduire les élus du « Mouvement 5 Etoiles »

Les grandes manœuvres se poursuivent en Italie pour tenter de constituer un gouvernement le 15 mars prochain, lors de la première réunion du nouveau parlement élu le 26 février dernier. Efforts qui peuvent apparaître vains tant la situation semble inextricables : aucun camp ne dispose de la majorité au Sénat, majorité absolument nécessaire pour gouverner, et aucun camp ne semble prêt à gouverner avec les autres.Gouvernement minoritairePier Luigi Bersani, le candidat du centre-gauche au poste de président du conseil, entend s\'imposer. En tant que chef de file du groupe majoritaire à la chambre des députés, il s\'est dit dimanche « confiant » à la télévision que le président de la république Giorgio Napolitano, lui confie la charge de former un gouvernement. Et son idée est de se présenter au Sénat avec un programme en huit points qui lui permettrait de rallier la majorité.Ce sera une véritable gageure : le centre-gauche ne dispose que de 113 sénateurs sur 301. Même en comptant sur l\'appui des 18 élus du centre de Mario Monti, on est encore loin de la majorité nécessaire de 151 élus. Pier Luigi Bersani devra donc convaincre 20 sénateurs du centre-droit ou du Mouvement 5 Etoiles de Beppe Grillo. Mais là encore, la tâche s\'annonce ardue : il est peu probable que des élus berlusconiens soutiennent un gouvernement de centre-gauche.Le programme de Bersani pour séduire les élus de Beppe GrilloCe que le leader du centre-gauche a en réalité en tête, c\'est de compter sur l\'hétérogénéité des élus du parti de Beppe Grillo. Le mouvement 5 Etoiles est un parti jeune, peu organisé et aux positions hétéroclites. Plusieurs de ses élus se sentent naturellement proches de la gauche. Et Pier Luigi Bersani compte bien jouer sur cette corde-là. Son programme en 8 points fait ainsi la part belle à la lutte contre la corruption des politiques, il propose une réforme des partis politiques, le droit au mariage homosexuel, la régularisation des sans-papiers et la création d\'un « droit aux études. » Voilà qui pourrait séduire les élus « grillistes. »Plutôt Monti que Bersani pour les « 5 Etoiles »Reste que ces élus ne sont guère séduits par Pier Luigi Bersani. Elus sur un programme de rupture avec la classe politique traditionnelle et avec la politique d\'austérité de Mario Monti, ils ne se sentent guère proche de ce mandarin du parti démocrate, ancien apparatchik du parti communiste qui s\'est forgé une réputation de libéralisateur durant les deux gouvernements Prodi auquel il a participé. Selon le quotidien La Stampa, dimanche, lors de la première rencontre à Rome des élus « grillistes », ces derniers se disaient même plus favorables au maintien temporaire de Mario Monti en attendant de nouvelles élections plutôt qu\'à un soutien à un gouvernement Bersani. « Rien n\'empêche de maintenir Mario Monti en charge pour quelques mois. Naturellement, on devra retourner rapidement aux urnes », explique ainsi une élue du Mouvement 5 Etoiles. Beppe Grillo lui-même avait rejeté en fin de semaine dernière toute idée d\'alliance avec le centre-gauche. « Bersani ? C\'est un mort qui parle », avait jugé l\'ancien comique.Trouver un président de la République On se dirige donc sans doute vers un nouveau scrutin. Reste à savoir quand. Si Mario Monti reste en poste, il pourrait tenter de « rafistoler » les morceaux de l\'ancienne majorité qui ralliait centre, centre-gauche et centre-droit. Si, en revanche, Pier Luigi Bersani échoue dans sa tentative et que Mario Monti refuse de rester dans des conditions si précaires, alors il faudra voter rapidement. Mais dans tous les cas, il faudra élire un nouveau président de la république puisque le mandat de Giorgio Napolitano s\'achève le 15 mai prochain. Or, le rôle du président n\'est pas négligeable dans cette période trouble : c\'est lui qui nomme le président du conseil ou décide de dissoudre le parlement.Là encore, l\'élection sera difficile. Chaque camp voudra peser sur cette élection, mais il faudra trouver une personne consensuelle pour emporter les deux tiers des suffrages du parlement et des délégués des régions. Certes, à partir du troisième tour, la majorité absolue suffit. Mais ceci ne règle rien, tant les positions semblent éloignées... Reste que si une personnalité émerge de cette élection, elle pourrait être le premier pas vers un consensus plus large entre les coalitions. L\'autre fait déterminant sera la situation de l\'Italie sur les marchés et en Europe. La Péninsule pourra-t-elle se permettre de faire durer indéfiniment sa crise politique ?  
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