Les élections générales du 6 mai en Grande-Bretagne ajoutent à l'incertitude

Le résultat des élections du 6 mai prochain au Royaume-Uni pourrait ouvrir à moyen terme la voie à de nouvelles tensions sur les taux des obligations d'État britanniques, jusque-là favorablement impactées par la crise grecque. Certes, l'incertitude entourant la composition du Parlement ne devrait pas provoquer cette semaine de mouvement de marché brutal, selon les observateurs. Et ce, bien que les banques britanniques teneuses de marché aient planifié une mobilisation exceptionnelle de leurs équipes, selon le « Wall Street Journal ». Mais le détail des mesures d'austérité à venir pourrait amener les investisseurs à revoir leurs positions.« Je ne pense pas que l'élection d'un Parlement sans majorité puisse induire une réaction violente du marché, ou alors il faudrait un résultat particulièrement ambigu », estime Nicolas Forest, responsable taux chez Dexia AM. « Sans gouvernement depuis la démission d'Yves Leterme, la Belgique vit une crise politique sans précédent et, pourtant, ses obligations se tiennent bien. La politique peut jouer un rôle, mais les intervenants s'inquiètent avant tout de la liquidité et de la solvabilité. Des tensions interviendront en revanche si le déficit budgétaire britannique se maintient durablement aux alentours de 11 % », explique-t-il.perspective négativeToujours noté AAA par les trois grandes agences de notation, le pays fait pour l'instant figure de valeur sûre. Le 29 mars dernier, S&P a confirmé son AAA, soulignant la crédibilité du pays à mettre en oeuvre les ajustements nécessaires pour réduire son endettement. Mais l'agence a maintenu sa perspective négative, en place depuis mai 2009, précisant qu'en « l'absence d'un important plan de consolidation budgétaire, le poids de la dette gouvernementale pourrait approcher des niveaux incompatibles avec la note AAA ».Depuis mars, la dette britannique s'est pourtant bien comportée. « Cela fait un petit moment que la probabilité d'une absence de majorité est intégrée dans les prix. Les taux britanniques profitent en outre de la crise grecque et européenne, car le pays n'a jamais remanié ses chiffres comme Athènes et bénéficie de la profondeur de son march頻, observe Étienne Gorgeon, directeur taux chez Edmond de Rothschild IM. « Mais les marchés évoluent très vite en ce moment et attendent le détail des mesures d'austérité britanniques », ajoute-il. Le taux à 10 ans britannique a retrouvé ses niveaux de la fin décembre, à environ 3,84 %, après un bond à 4,23 % en février dernier en raison de l'amélioration de la conjoncture britannique.« Nous ne pensons pas que l'attention va dès maintenant se focaliser sur le Royaume-Uni, car la crise grecque provient surtout des écarts de comportement extrêmes entre les membres de la zone euro. Mais l'inflation induite par la politique monétaire et budgétaire britannique pourrait devenir un réel danger dans les temps qui viennent », souligne de son côté Étienne Pourny, président de Stelphia AM. Selon Barclays, le taux à 10 ans britannique pourrait atteindre en moyenne 5,10 % au dernier trimestre 2010. Julien Beauvieux
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