Le monde du logement veut rebattre les cartes

Le logement doit être une grande cause nationale », a martelé mardi Michel Delebarre, vice-président de l'Association des communautés urbaines de France, à l'occasion des premiers Etats généraux du logement. Cette manifestation organisée à Paris a réuni une trentaine d'organisations, du mouvement HLM aux promoteurs immobiliers, en passant par les associations d'élus. Objectif : promouvoir une refonte de la politique de l'habitat. La gravité de la crise du logement est connue. Le logement pèse toujours plus lourd dans le budget des ménages (23 % en moyenne du revenu disponible actuellement, contre 18 % en 1984) et le décalage entre les prix de l'immobilier et leurs revenus est de plus en plus grand, lié au « déficit à la fois quantitatif et qualitatif de l'offre depuis de nombreuses années », comme l'a rappelé Martial Passi, président de la Fédération des entreprises publiques locales. TensionsLes tensions sont manifestes en Île-de-France, Paca et Rhône-Alpes. Des entreprises renoncent à s'installer dans certaines régions faute d'une offre de logement suffisante. Dès lors, libérer des terrains doit être « une priorité absolue de l'action publique », a souligné Jacques Chanut, le président de la commission des affaires économiques de la Fédération française du bâtiment, relevant que des terrains sont disponibles en zone urbaine. « On ne pourra résoudre cette crise si on ne développe pas de nouveaux espaces », a renchéri Marc Pigeon, président de la Fédération des promoteurs constructeurs (FPC), en rappelant que seuls 8 % du territoire français est aménagé et en regrettant que les collectivités locales vendent les terrains au plus offrant. Au-delà, 40 % des collectivités locales n'appliquent pas la loi SRU, qui favorise la mixité sociale, alors que progresse la précarité. La FPC préconise, à cet égard, de moduler les aides à l'investissement locatif privé de manière à inciter les investisseurs au développement de l'offre sociale. « On ne s'en sortira que si le parc privé est mis à contribution intelligemment », a confirmé Michel Delebarre. Soucieux de mettre fin à des années de politique de « stop and go », les promoteurs des Etats généraux, qui ont présenté une série de quinze propositions, appellent de leurs voeux une loi pluriannuelle de programmation. Ils demandent que 2 % du PIB soit consacré au logement, soit 39 milliards d'euros, assorti d'un effort supplémentaire de l'Etat de 4 milliards (contre 1,8 % et 35 milliards actuellement) et préconisent que cet objectif de 2 % soit « sanctuaris頻, afin de ne pas être soumis aux aléas budgétaires. Ils estiment que l'Etat doit se donner les moyens de jouer le rôle d'un véritable stratège du logement et proposent que soit désigné au plan local un chef de file des politiques de l'habitat, qui pourrait être une intercommunalité dans les secteurs urbains et le département en zones rurales. Ils suggèrent aussi de rendre la fiscalité plus dissuasive sur la rétention des terrains. Mais, alors que l'Etat français est confronté à une situation budgétaire tendue, le secrétaire d'Etat au Logement Benoist Apparu a objecté que la notion même de PIB « ne semble pas être la référence », car « dépenser plus n'est pas un critère de réussite des politiques publiques ». Il veut réformer l'accession à la propriété pour 2011, arguant « que l'on peut faire mieux avec moins ». Aujourd'hui, sept milliards d'argent public financent cinq dispositifs différents.
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