Grande-Bretagne : la City vote en faveur des tories

Cette fois, le divorce est consommé. Après une belle romance d'une décennie, la City n'aime plus les travaillistes, et réciproquement. Les financiers voteront très majoritairement pour les conservateurs : 46 % d'entre eux pensent que c'est ce parti qui a le plan le plus crédible pour réduire la dette britannique, selon un sondage d'eFinancialCareers, un site internet de recrutement ; seuls 16 % préfèrent les travaillistes. Ce n'est guère une surprise. La City, instinctivement, est plus proche des conservateurs. Elle doit à Margaret Thatcher la dérégulation du secteur - le fameux « big bang » de 1986 - qui a tant aidé Londres à devenir une place financière internationale. Mais en 1997, Tony Blair, Gordon Brown et Peter Mandelson avaient mené une vaste offensive de charme envers la City, à coups de cocktails mondains. Le coup de foudre avait été instantané. Et Gordon Brown, aux manettes de l'économie, n'avait pas déçu, devenant le plus vigoureux défenseur de la régulation « light touch ». La crise a tout changé. Voilà deux ans que les travaillistes et la City font chambre à part. Si le sauvetage bancaire est applaudi, la hausse des impôts sur les plus riches (de 40 % à 50 %) et la taxe spéciale sur les bonus sont restées en travers de la gorge des golden boys.discours très durPourtant, ceux-ci ont mis du temps à se tourner vers les conservateurs. A cause de la crise, et pour casser leur image trop bourgeoise, les tories tiennent un discours très dur envers les banquiers. Ils proposent de séparer les banques entre leur activité « casino » (banque d'investissement) et celle de détail. Pire encore (du point de vue de la City), ils proposent l'imposition unilatérale d'un impôt sur les banques, alors que les travaillistes n'y sont en faveur qu'en cas d'accord international. Et David Cameron a prévenu : pas question de supprimer à brève échéance l'impôt sur le revenu à 50 % sur les plus riches.L'homme qui a mis de l'huile dans ces relations tendues est Boris Johnson. Le maire de Londres, conservateur le plus puissant de Grande-Bretagne (pour encore au moins un jour), n'a pas hésité à aller contre la ligne de son parti. L'impôt à 50 % ? Il faut le supprimer. La taxe sur les bonus ? « 9.000 personnes » vont quitter Londres si elle est réintroduite l'année prochaine, affirme-t-il, sans expliquer d'où viennent ses chiffres.Avec sa tignasse blonde immédiatement reconnaissable, et sa immense popularité (« c'est le seul politicien qu'on reconnaisse de dos », souligne le politologue Tony Travers, de la London School of Economics), Boris Johnson pèse lourd dans le débat. Jugé possible successeur de David Cameron, ce libéral instinctif fera tout pour protéger les intérêts de la City. Les financiers l'ont compris et ils voteront en masse pour les conservateurs ce jeudi.
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