La SNCF perd sa note AAA

Rude semaine, décidément, pour la SNCF. Après les interrogations, mardi et mercredi, sur un éventuel changement de statut de l'entreprise publique, sous la pression de la Commission européenne, voilà que l'agence de notation Standard & Poor's (S&P) a décidé vendredi d'abaisser la note de crédit de la SNCF de AAA à AA+. L'entreprise présidée par Guillaume Pepy perd ainsi le fameux triple A, tellement prisé par les États et les entreprises, car il leur permet d'emprunter aux meilleurs taux possibles.Double argumentPour la SNCF, cette dégradation n'est pas une surprise complète. Depuis le 24 septembre 2008, la note attribuée à l'entreprise était assortie, en effet, d'une perspective négative, rappelle l'agence dans son communiqué.S&P s'appuie sur deux arguments pour justifier cette dégradation. « Nous pensons que le ?core business?? le plus profitable de la SNCF va peu à peu être exposé à la concurrence », écrit l'agence. « Nous pensons que les règles européennes pourraient faire peser des contraintes de plus en plus fortes sur tout soutien potentiel de l'État à la SNCF qui ne serait pas fondé sur une pure logique financière », ajoute-t-elle.Pression de BruxellesEn clair, Bruxelles sera de plus en plus réticent à accepter que le gouvernement apporte son soutien financier sans conditions à la SNCF. Ce qui ramène à la polémique du début de semaine sur le statut. Le reproche de Bruxelles était en effet que le statut d'Épic (établissement public à caractère industriel et commercial) de la SNCF avantage l'entreprise par rapport à ses concurrentes européennes.Si la Commission européenne se fait ainsi de plus en plus offensive contre Paris pour un tel changement de statut, comme elle l'avait fait voilà quelques années pour EDF ou La Poste, c'est que le transport ferroviaire s'ouvre de plus en plus à la concurrence. En France, après le fret, le transport de voyageurs est ainsi ouvert, depuis le 13 décembre dernier, aux opérateurs étrangers. Une concurrence qui reste pour le moment plutôt théorique, puisque l'italien Trenitalia, qui devait être le premier à profiter de cette ouverture, n'a pas encore commencé à faire circuler ses trains en France. Quelques millions d'eurosConcrètement, avec la dégradation de sa note, « la charge financière supplémentaire sera tout à fait faible pour la SNCF »», a affirmé à l'AFP David Azéma, le directeur général délégué chargé des finances et de la stratégie. « De l'ordre de quelques millions d'euros », selon lui.Il n'empêche que c'est une mauvaise nouvelle de plus pour l'entreprise publique. Auditionné mercredi à l'Assemblée nationale, Guillaume Pepy avait reconnu que le trafic TGV, traditionnelle vache à lait du groupe, restait stable après une année 2009 en recul sensible (« La Tribune » du 3 juin). Il tablait toutefois sur une « amélioration sensible » en fin d'année. On ne peut que le souhaiter.
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