Bug social chez Free

Ce devait être la vitrine de la marque Free. En juin 2012, le groupe Iliad ouvrait à Paris son premier Free Center. Un magasin design de 640m2 accueillant les abonnés mobiles et Internet six jours sur sept, de 9 h à 22 h. Treize mois après son inauguration, la boutique est au coeur d\'une polémique. Le syndicat Sud accuse l\'entreprise d\'avoir procédé aux licenciements abusifs de quatre salariés.\"En avril dernier, les employés du Free Center ont écrit au directeur d\'Iliad pour dénoncer leurs conditions de travail et réclamer une hausse de leurs salaires. Les responsables de la boutique ont alors organisé une véritable \"chasse aux sorcières\" pour trouver les personnes à l\'origine de la mobilisation. Ils en ont désigné quatre et les ont ensuite licenciées pour faute grave sous de faux prétextes\", accuse Patrick Ackermann, délégué Sud des activités postales et télécoms. Les salariés et le syndicat ont décidé de poursuivre le groupe aux prud\'hommes pour \"licenciements abusifs\". De son côte, Iliad, qui préfère ne pas commenter l\'affaire, affirme qu\'il y a bien eu licenciements pour \"faute grave\".Des employés menacés par des clients mécontents \"Ils ont été accusés d\'avoir truqué les tickets clients et ils ont été remerciés\", déplore Fabien Clairet, réprésentant Sud du Free Center. \"Chaque client qui vient au magasin correspond à un ticket temps. Les vendeurs ne doivent pas rester plus de sept minutes avec la même personne. Le but étant d\'en recevoir un maximum dans la journée. Lorsque l\'on prend une pause pour passer un coup de fil ou pour transférer un dossier à un collègue, on stoppe le compteur du ticket pour ne pas être pénalisé. Si le salarié est trop lent, cela se répercute directement sur ses primes. La direction a estimé que ces quatre employés avaient stoppé injustement leurs tickets. Elle n\'a pas cherché à savoir pourquoi !\", regrette Fabien Clairet. \"C\'était juste un prétexte pour licencier des salariés soupçonnés d\'être proches de Sud\", estime, de son côté, Patrick Ackermann.Revendications salariales Dans leur première lettre adressée au directeur d\'Iliad - Cyril Poidatz - le 6 février dernier, les salariés dénonçaient le manque d\'organisation des systèmes informatiques des Free Centers. \"Les incohérences au niveau des procédures informatiques internes nous empêchent de pouvoir faire au mieux face aux abonnés\", expliquaient-ils. Ils réclamaient également davantage de communication entre les diverses entités du groupe: \"Trop d\'abonnés se plaignent d\'avoir un discours totalement différent entre la hotline et les Free Centers, et ce manque de procédures engendre de nombreux conflits pouvant régulièrement porter atteinte à la sécurité des conseillers (insultes, menaces, etc.).\"Ils déploraient ensuite le montant de leurs salaires qui dépassaient difficilement 1.350 € nets \"pour les meilleurs d\'entre nous\". \"Lors des entretiens d\'embauches pour les personnes participant à l\'ouverture du Free Center, l\'équipe de recrutement nous a indiqué une base salariale fixe ainsi que des primes pouvant nous permettre d\'obtenir des salaires entre 1.700 et 2.000 euros nets\", remarquaient-ils alors.Retard des élections professionnellesDans sa réponse, datée du 21 février dernier, Cyril Poitadz assurait que le groupe allait continuer à \"porter (ses) efforts pour réduire ces incohérences\" techniques. Le président soulignait également qu\'il y avait sans doute eu un malentendu au moment du recrutement entre les rémunérations bruts et nettes. Des réponses qui n\'ont pas satisfaits les salariés. Ils l\'ont d\'ailleurs fait savoir dans un second courrier daté de 14 mars dernier. \"Suite à ces lettres, nous avons tous été convoqués par la direction. Elle a ensuite procédé à ces quatre licenciements\", rapporte Fabien Clairet.Le syndicat SUD reproche également au groupe de ne pas avoir organisé d\'élections professionnelles depuis l\'ouverture du Free Center. Suite aux convocations de la direction, les salariés ont désigné Fabien Clairet comme représentant syndical, mais son statut ne lui permet pas de négocier des accords collectifs. \"Free regroupe une myriade de magasins et donc de petites entreprises. Ses salariés sont jeunes et peu syndiqués. Il y a un fort turn-over dans les équipes qui les rend très vulnérables\", dénonce Patrick Ackermann. \"Il y a bien un représentant syndical\", persiste, de son côté, le groupe Iliad. 
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