L'obligataire voit le verre à moitié vide

tauxLes nuages conjoncturels dans les grands pays laissent le dollar de marbre, avec un léger « biais » haussier face à l'euro. Impassible, il reste enserré dans une étroite fourchette allant de 1,40 à 1,44 depuis la mi-juillet face à la monnaie européenne. Et même si Dominique Strauss-Kahn, le patron du FMI, a déclaré vendredi que la crise avait renforcé le dollar comme actif refuge « sans égal », on voit mal ce qui pourrait dans l'immédiat le faire sortir de cette prison dorée.rapport moroseEn revanche, le marché des emprunts d'État a été très sensible aux craintes de double plongeon dans la récession que semble éprouver la Banque centrale européenne et qui l'oblige à une prudence de Sioux dans la gestion de sa politique monétaire. Le marché redoute un scénario de même nature aux États-Unis, après avoir fait preuve d'hyperoptimisme jusqu'à la fin du printemps dernier et/ou d'un excès de pessimisme concernant la résurgence potentielle de l'inflation. Les observateurs sont désormais à peu près tous d'accord : la détente marquée des rendements obligataires, qui évoluent à l'inverse des prix, reflète le retour à de sombres scénarios de la part des investisseurs, qui se tournent de nouveau vers ces valeurs refuge d'élite. Le rapport très morose sur l'emploi aux États-Unis en août n'a fait que confirmer la tendance. Si l'économie américaine a détruit moins d'emplois qu'anticipé, elle n'en a pas moins perdu 216.000 postes de travail, tandis que les destructions de juillet étaient révisées en forte hausse à 276.000, dans un contexte de montée du taux de chômage. Il a bondi de 9,4 % à 9,7 % de la population active, son plus haut niveau depuis vingt-six ans et devrait franchir la barre des 10 % au cours des prochains mois, ce qui constituera un handicap majeur pour le redémarrage du principal moteur de la croissance américaine, la consommation.Du coup, les taux américains à 2 ans ont amplifié leur détente, le rendement des T-notes retombant à 3,34 %, alors qu'il avait poussé une pointe à près de 4 % en juin. Les taux à 2ans se sont détendus jusqu'à 0,89 %, venant tutoyer le point bas récent touché deux jours auparavant à 0,88 %. Parallèlement, le rendement du bund allemand à 10 ans, référence de la zone euro, est revenu à 3,22 %, tandis que celui du schatz, l'emprunt d'État à 2 ans, touchait son plus bas niveau de l'année à 1,09 %, venant affleurer le taux directeur de la BCE, fixé à 1 % depuis mai. Cette dernière échéance, particulièrement sensible à la politique monétaire, reflète la perception que les conditions de crédit dans la zone euro resteront à leur plancher historique pendant encore un long moment, comme l'a laissé entendre Jean-Claude Trichet jeudi. Isabelle Croizard
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