La rentrée littéraire se livre au mondeFuyez Saint-Germain-...

La rentrée littéraire se livre au mondeFuyez Saint-Germain-des-Prés ! Cette année, les meilleurs livres de la rentrée s'éloignent des rives germanopratines pour s'ouvrir au reste de la planète. Il n'est plus question de se regarder le nombril. Le syndrome du « Me, myself and I » (moi je) n'a plus cours en période de crise. Et les auteurs les plus intéressants sont ceux qui prennent le monde à bras-le-corps. Avec le 11 septembre comme boussole géopolitique. Parmi ces écrivains, peu de Français mais plusieurs voix francophones ou étrangères qui éclatent dans des romans au style et à la construction virtuose.Direction l'Afrique que quittent ou rejoignent les héroïnes de « Trois Femmes puissantes » (Gallimard), signé Marie NDiaye. La première, métisse, revient chez son père à la demande de ce dernier. La deuxième s'installe aux côtés de son mari en France tandis que la troisième prend la route de l'exode et de la clandestinité. Là encore, Marie NDiaye invente une langue tout en phrases longues, semblables à des rubans mats déroulés avec autant de lucidité que de précision. Les lecteurs sont déjà au rendez-vous (lire ci-contre).Langue poétiqueAbdourahman A. Waberi, lui, nous entraîne à Djibouti, son pays natal. L'homme, dont « Aux États-Unis d'Afrique » (JC Lattès) avait été très remarqué même s'il n'est toujours pas reconnu à sa juste valeur en France, fait partie de ces auteurs africains que les meilleures universités américaines s'arrachent. Il convoque aujourd'hui deux frères jumeaux dans « Passage des larmes » (JC Lattès). Le premier a choisi de se réfugier dans l'Islam. Le second a préféré le Canada d'où il revient comme employé d'une agence de renseignements. Construit en dualité, « Passage des larmes » s'interroge sur l'exil, sur la mémoire, la foi. On y croise Walter Benjamin, certes de manière un peu artificielle, mais qu'importe. Le lecteur est emporté par la langue poétique de Waberi et sa capacité à relier les mondes dans un filin universel.L'héroïne de « Si je t'oublie Bagdad » (Liana Levi), de l'Irakienne Inaam Kachachi, revient, elle aussi, au pays. Sauf qu'elle le fait sous l'uniforme américain au moment de la seconde guerre du Golfe. Retrouvailles impossibles. D'une écriture moyen-orientale lyrique, l'auteur évoque avec force ce dialogue difficile entre le monde arabe et l'Amérique de Bush, contrée à la fois haïe et fantasmée comme pays de cocagne et de liberté. Y. Y.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.