L'éditorial de Olivier Provost

En attendant aujourd'hui la sentence dans le procès de Jérôme Kerviel contre la Société Généralecute; Générale, posons une question iconoclaste : et si le trader était le symbole d'une société ? « Un trader ne meurt jamais », affirmait dans un roman notre fidèle « contrarian » et spécialiste des marchés, Marc Fiorentino. Il ne meurt peut-être pas mais il se dévalue. Montre-moi ton trader et je te dirai qui tu es. La France, ce pays romantique qui se bat pour éviter le déclin ? Elle a eu son Kerviel, obscur intervenant de marché qui s'est rêvé en superman des « trading floors » mais a fini par coûter près de 5 milliards d'euros à la Société Généralecute; Générale qui en est sortie fragilisée. La vieille Albion avait eu quelques années plus tôt son Nick Leeson, acculant à la faillite la vénérable Barings, banque de la reine d'Angleterre, un trader en cravate club, écluseur de bière sur le port de Singapour, symbole des affres finissants du Commonwealth. Mais rien à côté de Wall Street, de ses Michaël Milken, Dick Fuld, Frankie Quattrone et, version Hollywood, de son Gordon Gekko, aux chemises à rayures, aux places réservées dans feu le Concorde et aux algorithmes incompréhensibles, martingales explosives des produits financiers vendus à toute la planète. Aujourd'hui, ont-ils tant changé ? Ils doivent certes passer sous les fourches Caudines de la régulation et de la supervision. Et éviter, selon les consignes données par le maître en la matière, Goldman Sachs, le bling-bling outrancier. Cachez ce yacht que je ne saurais voir. Voilà pour la forme. Quant au fond, s'ils ont dû réduire leur activité sur le front des actions occidentales, ils se redéploient sur l'obligataire, sur la dette des États, sur les devises, nouveaux casinos du grand marché financier. Et sur les pays émergents. Les deux plus grosses introductions en Bourse de l'histoire ont été faites cette année avec la banque chinoise Agricultural et le pétrolier brésilien Petrobras. Les petits frères de Gordon Gekko s'appellent Tchang et Joao, leurs jouets Hang Seng et Bovespa. De quoi donner à Wall Street 2 des allures de remake suranné[email protected]
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.