Le fragile rally boursier des banques françaises

Les banques françaises, qui commenceront à publier leurs résultats trimestriels la semaine prochaine, sont à nouveau dans les petits papiers des investisseurs. Alors que le CAC 40, l'indice vedette de la Bourse de Paris, a péniblement gagné 7%, au cours des trois derniers mois, l'action BNP Paribas s'est envolée de 32%, le titre Société générale a bondi de 48,5%, le Crédit agricole a vu son cours grimper de 82% et Natixis, l'entité cotée de BPCE, a flambé de 35%. Pour mémoire, les valeurs bancaires françaises, et plus globalement européennes, avaient amorcé une descente aux enfers à l'été 2011, au fur et à mesure de l'intensification de la crise de la zone euro, qui avait laminé les bénéfices des banques de financement et d'investissement (BFI, activités de marchés, par opposition à la banque de détail).Les banques ont répondu aux attentes des investisseursSi les valeurs bancaires reviennent en odeur de sainteté depuis quelques mois, c'est en partie grâce à la détermination de la Banque centrale européenne (BCE) à racheter de façon illimitée la dette des Etats en difficulté, comme l'Espagne et l'Italie. Cette détermination a permis aux obligations souveraines espagnoles et italiennes, que les banques ont en portefeuille, de regagner de la valeur.De plus, les banques françaises ont fait ce que les investisseurs et les régulateurs attendaient d'elles depuis septembre 2011: elles ont réduit la voilure dans leurs activités les plus risquées, ce qui s'est traduit par des suppressions de postes en BFI, et elles ont renforcé leurs fonds propres, afin d'être plus solides en cas de nouveau choc sur les marchés. Au 30 juin, BNP Paribas, la Société générale, le Crédit agricole et Natixis affichaient toutes un ratio de fonds propres durs (capital et bénéfices mis en réserve rapportés aux crédits consentis) supérieur aux 9% exigés par l'Autorité bancaire européenne (EBA).La menace de la récessionMais ce rebond des banques cotées à la Bourse de Paris est fragile. En témoigne leur rechute, le 26 octobre, au lendemain de la décision de Standard & Poors (S&P) d'abaisser la note de solvabilité de BNP Paribas et de placer sous perspective négative celles de Crédit agricole et de Société générale. La crise de la dette dans la zone euro commence à peine à s'apaiser qu'une autre menace surgit, celle de la récession. «Les risques économiques auxquels les banques françaises sont soumises ont augmenté», estime l'agence de notation financière, qui anticipe une stagnation du volume des prêts, au cours des prochains mois. Et plus particulièrement dans les crédits immobiliers, lesquels ont été le moteur de la banque de détail, en France, ces dernières années.La banque de détail sous pressionAu deuxième trimestre, déjà, la rentabilité des activités de banque de détail -la vache à lait des établissements bancaires français- s'était émoussée. Nul doute que cette tendance se sera accentuée au troisième trimestre, «les revenus de la banque de détail étant étroitement corrélés au produit intérieur», rappelle sur son blog Georges Paujet, ancien patron du Crédit agricole. Or l'année 2012 devrait s'achever sur une croissance de 0,1% seulement de l'économie française, et celle-ci ne devrait pas dépasser 0,3% en 2013, selon 29 économistes interrogés par l'agence Reuters.Des valorisations toujours très faiblesLa publication des résultats trimestriels des banques françaises, qui débutera mercredi avec BNP Paribas et se poursuivra jeudi et vendredi avec la Société générale puis le Crédit agricole, risque donc de donner un coup d'arrêt à leur rally boursier. Et ce, bien que les valorisations des quatre grandes banques françaises demeurent très faibles : elles se paient entre 0,3 et 0,6 fois leur actif net, contre un multiple de 1,15 pour le CAC 40.
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