Malgré des recettes fiscales en hausse, Berlin s'accroche à la rigueur

La croissance turbo de l'Allemagne, de plus de 3 % cette année, annonce une nette amélioration de ses comptes publics. Ce jeudi, le groupe d'experts fiscaux du gouvernement a relevé son estimation de recettes d'impôts pour 2010, à 525,5 milliards d'euros. C'est 15,2 milliards d'euros de plus que leur précédente évaluation de mai. Les caisses de l'État fédéral, des communes et des Länder vont donc en conséquence se remplir mieux que prévu : pour l'État fédéral, l'inattendue « cagnotte » atteindra 7,4 milliards d'euros cette année. Mais le mouvement va se poursuivre et les experts ont également corrigé leurs attentes pour les deux années à venir : en 2011, les recettes fiscales ont été réévaluées de 22,4 milliards d'euros et en 2012 de 23,4 milliards d'euros. Au total, sur trois ans, ce sont donc 61 milliards d'euros de plus que prévu qui rentreront dans les caisses de l'État allemand. Il est vrai que les perspectives de croissance se sont nettement améliorées. Récemment, le gouvernement fédéral a relevé sa prévision de croissance de 1,4 % à 3,4 % pour 2010 et les économistes s'accordent à penser que la République fédérale devrait demeurer l'an prochain champion de la zone euro de la croissance malgré un net ralentissement. Dans ces conditions, les recettes fiscales ne pouvaient que s'améliorer. Baisse d'impôt exclueD'ailleurs, depuis cet été, le ministre des Finances Wolfgang Schäuble, avait revu à la baisse ses prévisions de déficit fédéral de 80 à 60 milliards d'euros et les grands instituts économiques ont, il y a peu, estimé que le déficit des comptes publics allemands devrait repasser dès l'an prochain sous la barre des 3 % du PIB.Évidemment, cette bonne nouvelle a aussitôt fait renaître les appétits. Les alliés libéraux de la chancelière Angela Merkel, le FDP, ont ainsi renouvelé leur revendication de baisses d'impôts qui avait fait leur succès lors des élections fédérales de 2009. La soeur bavaroise de la CDU, la CSU, a également rappelé à la chancelière ses promesses électorales de baisser la charge fiscale sur les ménages de quelques 25 milliards d'euros d'ici à 2013. Mais Angela Merkel, qui a repoussé sine die en mai dernier cet objectif, se veut ferme sur le sujet. Elle a exclu, lundi dernier, toute baisse d'impôts d'ici à fin 2011. Le plan de rigueur quadriennal de 80 milliards d'euros ne sera pas retouché : la rigueur reste à l'ordre du jour. Reste à savoir si cette fermeté soutiendra le choc des tests électoraux de ce printemps, notamment la très attendue élection régionale de Bade-Wurtemberg, alors que les sondages restent très défavorables à la coalition au pouvoir à Berlin.
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