La crise frappe Alstom de plein fouet

À situation exceptionnelle, comportement exceptionnel. En présentant jeudi les premiers résultats en baisse du groupe depuis son redressement amorcé en 2005, Patrick Kron, le bouillonnant PDG d'Alstom, a affiché une décontraction, voire une bonhomie, très inhabituelle devant la presse. Délaissant sa combativité mordante, il a égrené, sans se départir de son sourire, des indicateurs financiers pourtant en berne pour les six premiers mois de l'exercice 2010-2011.La crise a fini par rattraper le spécialiste du matériel électrique et de transport, notamment en raison de l'attentisme persistant de ses clients électriciens européens et américains. Son bénéfice net plonge de 29 %, à 401 millions d'euros, sa marge opérationnelle fond de 8,6 % à 7,3 %. Et, pour la première fois depuis les très noires années 2003-2004, pendant lesquelles le groupe a frôlé la faillite, Alstom a consommé du cash pendant cette période : 963 millions d'euros. « Moins de commandes, surtout moins de contrats clés en mains, signifie moins d'avances », explique Patrick Kron. Si on ajoute les 2,3 milliards d'euros déboursés pour acheter la division Transmission d'Areva fin 2009, Alstom se retrouve endetté à hauteur de 1,4 milliard, un niveau comparable à celui de 2005 (contre une trésorerie nette de 2,2 milliards d'euros au 31 mars 2010).centrales à gaz à Singapour« Avec des fonds propres de 4 milliards d'euros, notre situation financière est parfaitement saine », estime Patrick Kron. Il table d'ailleurs sur un retour à un cash flow positif sur les six prochains mois. En revanche, il est moins affirmatif quant à l'évolution de l'activité. Même s'il voit « un frétillement en amont ».Les commandes du groupe ont fondu de 20 % par rapport à l'an dernier, « mais les appels d'offres reprennent. Nous avons remis 20 % d'offres fermes de plus », a précisé le PDG. Il a souligné les « bonnes nouvelles » intervenues depuis la clôture des comptes : un mégacontrat de 1,3 milliard d'euros pour des locomotives au Kazakhstan, une commande de 864 millions pour Alstom et Bombardier pour le métro de Montréal, et datant « de cette nuit », deux centrales à gaz à Singapour et une présélection (au sein d'un consortium) pour le métro à Panama. « On verra si on est capable de prolonger cette série de bonnes nouvelles », a conclu prudemment Patrick Kron. En tout cas, pour l'heure, aucune nouvelle restructuration n'est prévue, affirme-t-il, après la réduction de 10 % des effectifs de sa branche Power (4.000 postes supprimés), annoncée début octobre.
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