Alcatel-Lucent, rattrapé par son bilan, envisage de céder encore des actifs

Quatre ans après son arrivée à la tête d\'Alcatel-Lucent, le directeur général Ben Verwaayen est obligé de reconnaître que l\'équipementier télécoms est toujours en phase de «transformation»: l\'entreprise a publié sa deuxième perte d\'exploitation trimestrielle d\'affilée et une perte nette de 112 millions d\'euros au troisième trimestre (voir les résultats). «Heureusement, nous commençons le quatrième trimestre, qui est traditionnellement le plus fort», confie-t-il à La Tribune. «Fin 2011, nous avions dégagé un profit de 4%. J\'avais dit que 2012 serait meilleur que 2011. C\'est très dommage, nous sommes dans une situation totalement différente. Nous ne sommes pas les seuls à avoir des problèmes. Mais la situation du marché n\'est pas une excuse», affirme-t-il. Problème: Alcatel-Lucent a brûlé 1,03 milliard d\'euros de trésorerie depuis le début de l\'année, dont 360 millions sur le seul troisième trimestre. Le groupe, qui espère revenir en situation de trésorerie nette positive en fin d\'année, est obligé de prendre des mesures pour renforcer son bilan pour faire face aux 2,2 milliards de dettes à rembourser d\'ici à 2015.La vente des divisions câbles et entreprises rapporterait au moins 400 millions d\'euros«Nous étudions différentes alternatives», indique Ben Verwaayen, qui refuse de commenter les possibles «cessions d\'actifs non stratégiques» envisagées. Pourtant les rumeurs fleurissent. En particulier sur les activités de câbles sous-marins et celles de matériels pour entreprises, qui ont été placées sous la supervision directe du directeur financier Paul Tufano en septembre. Ce dernier a indiqué lors d\'une conférence téléphonique vendredi que parmi les alternatives possibles étaient envisagées une restructuration de la dette ou une injection de liquidités, y compris au travers de cessions d\'actifs. Après la vente de Genesys (logiciels pour centres d\'appels) à Permira pour 1,5 milliard de dollars l\'an dernier, Alcatel-Lucent pourrait récupérer 250 millions d\'euros de celle de la division Entreprises selon Oddo, beaucoup plus de l\'optique sous-marine (600 millions d\'euros). Goldman Sachs évalue de son côté le produit de la vente des deux actifs (entreprises et câbles sous-marins) à au moins 400 millions d\'euros. Un bol d\'oxygène permettant de relâcher la pression sur le bilan. Une autre activité, la filiale RFS (Radio Frequency System, née de la fusion de Kabelmetal, Cablewave et CPC) qui fabrique des câbles, antennes et systèmes de radiofréquences, ferait aussi partie des candidats possibles à une cession.Le cash des brevets toujours attendu A moins qu\'une autre entrée de cash attendue depuis plusieurs mois par les analystes et les investisseurs se matérialise enfin: la monétisation des 29.000 brevets d\'Alcatel-Lucent, qui pourrait rapporter plusieurs centaines de millions d\'euros. «Nous avons eu des opportunités de conclure des transactions, mais à un prix qui n\'était pas acceptable. Nous ne voulons pas accorder de licences à n\'importe quel prix. Nous avons donc changé de tactique», explique Ben Verwaayen, qui a modifié son contrat avec son courtier RPX pour traiter en direct et n\'exclut pas de se montrer plus offensif en attaquant des sociétés qui enfreindraient la propriété intellectuelle du groupe. En attendant, ce taux de «cash burn», inquiète les investisseurs: l\'action Alcatel-Lucent a plongé de 6,4% vendredi à 0,77 euro et ne pèse plus que 1,8 milliard d\'euros en Bourse. C\'est le titre le plus vendu à découvert du marché parisien. Il a perdu les deux tiers de sa valeur depuis l\'arrivée de Ben Verwaayen en septembre 2008.Plan social: la France touchée «pas plus que nécessaire»Sur le plan social, alors qu\'Alcatel-Lucent va supprimer 1.430 postes en France sur 5.490 éliminés dans le monde dans le cadre du «Programme performance» de réduction de coûts, le directeur général affirme que «la France est touchée mais pas plus que nécessaire. Nous supprimons beaucoup de postes administratifs, or notre siège social est à Paris. Même après ces réductions, nous y aurons encore plusieurs milliers de postes» (environ 7.500). «Nous avons fait du bon travail du côté des réductions de coûts mais cela ne suffit pas. Il faut aussi améliorer le portefeuille de produits et le mix de contrats, mais à court terme cela se traduit par une baisse de la marge», fait-il valoir.  
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