Bras de fer entre Downing Street et la City sur les bonus

La reconnaissance est une vertu rare ces temps-ci à la City. Alors que le coût du sauvetage bancaire britannique vient d'être dévoilé (voir ci-contre), les banquiers sont à nouveau au c?ur d'une polémique sur les bonus.Le débat concerne principalement Royal Bank of Scotland (RBS), la banque britannique la plus mal en point, possédée à 84 % pour l'État britannique. Son nouveau patron, Stephen Hester, estime qu'il faudrait augmenter de 50 % les bonus cette année, à environ 1,5 milliard de livres (1,6 milliard d'euros, un chiffre que la banque ne confirme pas officiellement).Pour le Trésor, qui s'est octroyé un veto sur les bonus de RBS en échange de la garantie de ses actifs toxiques, une telle somme est inacceptable. « Ces gens ont l'impression que des bonus d'un demi-million, ou d'un million de livres, leur sont dus, lance Paul Myners, le secrétaire d'État à la City. Mais ils doivent revenir dans le monde réel. »Pourtant, RBS fait de la résistance. Les membres non exécutifs de son conseil d'administration menacent de démissionner si les bonus ne sont pas payés. Selon eux, ces sommes sont nécessaires pour conserver les meilleurs banquiers, et il en va donc de la compétitivité de l'établissement. Or, en tant que membre du conseil d'administration, ils sont légalement tenus d'assurer un « devoir fiduciaire », c'est-à-dire l'obligation de travailler dans le meilleur intérêt de l'établissement. Selon eux, accepter des bonus trop faibles irait contre ce principe.mesure rétroactivePour l'instant, le Trésor semble l'avoir emporté. Le conseil d'administration de RBS aurait accepté de revoir à la baisse ses demandes, selon le « Financial Times » de vendredi. Mais cette banque n'est pas le seul établissement concerné. Barclays envisage actuellement de très fortement augmenter les salaires fixes de ses banquiers ? peut-être de les doubler ? à défaut de pouvoir offrir d'importants bonus. La mesure, qui concernerait les banquiers de niveau junior ou intermédiaire, serait même rétroactive, à en croire le « Daily Telegraph » : les salaires seraient augmentés à partir de juin dernier, une manière de verser l'équivalent de bonus en cash aux employés.Cette attitude irrite au plus haut point Paul Myners, qui comprend les risques que la concurrence pose à Royal Bank of Scotland. Si, en tant que politicien, il ne peut pas laisser la banque nationalisée verser des bonus gigantesques, il souhaite aussi que RBS « ne soit pas traitée à part » et que la pression soit également mise sur les autres banques.Pour cela, il demande aux principaux investisseurs institutionnels d'agir. « Les actionnaires sont absolument silencieux, et ce n'est pas acceptable. » En tant qu'ancien gérant de fonds lui-même, il connaît bien ce milieu, et il n'hésite pas à les nommer : « Je demande aux principaux investisseurs institutionnels, Legal & General, Standard Life, Fidelity et les autres, de faire connaître leur attitude sur les bonus. » Ce vendredi, ces derniers restaient silencieux. n
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.