Transport routier  : vive le rail  !

Soyons clairs : si j'avais la preuve qu'en matière de transport de marchandises le mode le plus efficace pour nos clients était la montgolfière, nous adopterions la montgolfière. Parce que nous, les 28.000 collaborateurs du Groupe Norbert Dentressangle, sommes des organisateurs du transport. Et notre réponse à ceux qui montrent le camion du doigt est simple : on ne peut pas s'en passer !Mais on peut faire mieux : camion et développement durable peuvent aller de pair.Depuis 1990, les normes environnementales européennes ont permis de réduire de 85 % en moyenne les émissions polluantes des camions et, dans le même temps, la consommation de carburant par tonne de marchandises transportées a baissé de 70 % ! Chez Norbert Dentressangle, près de 60 % des véhicules sont aux normes Euro IV ou V ; la flotte la plus « propre » d'Europe. Et nous sommes convaincus que les progrès technologiques ? avec en particulier les camions hybrides ? nous feront encore évoluer.On peut donc faire mieux. Mais on peut aussi faire moins, c'est-à-dire avec moins de camions.Ne nous berçons pas d'illusions : sur courtes distances, le camion est incontournable. En France, 80 % des marchandises transportées le sont sur des distances inférieures à 200 kilomètres, et peu d'usines, et encore moins d'hypermarchés, sont accessibles par des modes alternatifs à la route. Sur longues distances, le train peut se révéler un mode de transport adapté. À condition qu'il soit capable de répondre à la demande ! Or, si depuis des années des camions sillonnent les autoroutes françaises, c'est que les moyens de transport alternatifs ne sont tout simplement pas prêts à les remplacer.Le transport ferroviaire est pourtant une excellente solution, et nous sommes un utilisateur convaincu du combiné rail-route depuis 1985. Nous pourrions y recourir davantage si un effort d'investissement plus intense était consenti pour l'axe Europe du Nord ? Espagne par l'ouest, ou pour la création d'une liaison transalpine réellement opérationnelle. Sans parler de liaisons « short sea » entre certains pays d'Europe (Italie ou Espagne, par exemple).Cette situation peut évoluer et une véritable intermodalité devenir possible. Partout où d'autres moyens de transport seraient plus adaptés, la présence de camions est regrettable.La France, au c?ur de l'Europe, est un pays de transit. Plus d'un tiers des camions circulant sur nos routes sont en transit. 60 % de ceux qui se présentent à la frontière franco-italienne de Vintimille transportent des marchandises qui ne sont pas destinées à être livrées en France. Ces véhicules en transit n'effectuent souvent aucun plein de carburant sur notre territoire et, ne payant pas de TIPP, ils ne prennent en charge qu'une faible part des coûts qu'ils engendrent. De plus, ils ne répondent que peu ou pas aux dernières normes antipollution et encombrent routes et autoroutes en accentuant à la fois le risque d'accident et la grogne contre les camions.La proposition que nous soumettons aujourd'hui au débat consiste à réorienter vers le fer, le fleuve et la mer, le trafic des camions en simple transit sur le territoire français.Une telle politique implique un fort investissement en infrastructures, ainsi qu'un véritable effort de la part des sociétés de chemin de fer pour offrir à leurs clients chargeurs un service efficace. Afin d'accélérer le report, cette politique pourrait également se traduire par la taxation du transit ? qui nous semble préférable à celle de l'économie française dans son ensemble ? via l'écotaxe et la contribution carbone, qui n'est rien d'autre qu'une augmentation de la TIPP. Le produit d'une taxe sur le transit serait ainsi affecté au renforcement et à la modernisation des infrastructures ferroviaires, fluviales et portuaires.Ce choix entraînerait sûrement un report du trafic de poids lourds sur le rail. Et il ne nuirait pas à la compétitivité des entreprises de transport françaises, parce que nos transporteurs sont peu concernés par l'international : ils ont été quasiment éliminés de ce marché du fait du caractère pénalisant de nos réglementations fiscales et sociales.Bref, faisons un rêve : que l'Europe, convertie au rail, engage un ambitieux programme d'investissements pour la réalisation de corridors de fret ferroviaire sur les grands axes d'échanges Nord-Sud et Ouest-Est ; que le gouvernement français puisse agir pour l'environnement sans handicaper ni l'économie française dans son ensemble, ni un secteur qui, accessoirement, fait travailler plus de 350.000 de nos concitoyens. nPoint de vue François Bertreau Président du directoire du Groupe Norbert Dentressangle
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