L'ivresse des sommets

Les Bourses étaient à la fête mardi, Wall Street en tête ! L\'indice Dow Jones a même battu un record historique en atteignant les 14.528 points, dans les échanges électroniques matinaux. Cet enthousiasme du marché américain se nourrissait d\'un indice du secteur des services meilleur que prévu aux Etats-Unis, et d\'une contraction de l\'activité moins mauvaise en février que prévu dans la zone euro.Ne pas louper le \"rally\"Le précédent record s\'établissait à 14.198,10 points en octobre 2007, c\'est-à-dire avant la crise financière, qui avait entraîné la dégringolade des indices. Les investisseurs vendaient à l\'époque à tour de bras, tandis que les acheteurs se raréfiaient. Pourquoi un tel sommet aujourd\'hui alors que la conjoncture économique reste incertaine ? Les investisseurs, il faut le rappeler, cherchent à comprendre dans quelle direction l\'économie va s\'orienter. Ils font, au sens premier, des spéculations. Le but est évidemment de prendre très tôt la tendance haussière des cours, le fameux « rally », gage de bénéfices futurs (acheter au plus bas, pour revendre plus haut).Quels sont les arguments pour des « bullish » (haussiers) : la conjoncture se stabilise, les entreprises recommencent à engranger des bénéfices, les Banques centrales mènent plutôt des politiques accommodantes, et le prix des actions reste relativement peu élevé. Les investisseurs financiers sont d\'indécrottables optimistes.La Bourse sait se corriger rapidementCeux qui restent dans l\'expectative - il y en a - pointent eux les incertitudes liées à une reprise économique toujours reportée, la hausse des taxes et impôts et la crise des dettes souveraines toujours pas résolue. Bref, c\'est l\'histoire du verre à moitié plein et à moitié vide. Et lorsqu\'elle se trompe, la Bourse sait rapidement le reconnaître : elle se corrige pour éviter la gueule de bois d\'une ivresse passagère.Le classement Forbes des milliardaires publié lundi a provoqué le courroux d\'un des lauréats qui s\'estime lésé : le prince Al-Walid ben Talal. Ce saoudien n\'est que la 26e personne la plus riche de la planète, avec 20 milliards de dollars. La dispute est sérieuse puisque le prince a décidé de rompre sa collaboration avec le magazine américain.Propriétaire du George VForbes a en effet refusé d\'intégrer dans son calcul les valorisations des sociétés détenues par Al-Walid ben Talal, par ailleurs neveu du roi saoudien Abdallah, telles que cotées à la Bourse de l\'Arabie Saoudite, car les chiffres seraient sujets à caution. Le prince est d\'autant plus remonté contre Forbes que une autres évaluation  - plusieurs sociétés s\'adonnent à cette activité : répertorier les milliardaires à travers le monde! - en l\'occurence celle de Bloomberg Billionnaires, lui accordent une fortune de 28 milliards de dollars.Al-Walid, est propriétaire, entre autres nombreuses sociétés, de l\'hôtel parisien Georges V. Il aime le luxe et veut que son image soit préservée. Le quidam pourrait trouver cette polémique de milliards de dollars un peu surréaliste, mais il se trompe car le souci de l\'exactitude et de l\'injustice semble être vivifié par l\'air des sommets des fortunes.Ulysse, l\'homme aux mille rusesQuittons ces altitudes pour redescendre au niveau de la mer. La Grèce a un besoin pressant d\'argent pour faire face à ses difficultés financières. Elle a donc décidé de vendre certaines de ses îles. Un émir qatari, Hamad bin Khalisa al Thani va débourser 8,5 millions d\'euros pour en acquérir six situées dans la mer ionienne, où se trouve Ithaque, patrie d\'Ulysse, l\'homme aux mille ruses, célébré par Homère dans l\'Odyssée.L\'émir, tombé amoureux de ces îles qu\'il avait découvertes en sillonnant les eaux turquoises à bord de son yacht, a pour projet d\'y faire construire un palais. Ulysse aussi avait un palais à Ithaque. Lorsqu\'il était revenu dans sa patrie, il avait, ivre de colère, massacré les prétendants qui avaient voulu séduire sa femme Pénélope en son absence. Hamad bin Khalisa al Thani n\'a pas à s\'inquiéter des réactions des Ulysse d\'aujourd\'hui. La vente est accueillie avec enthousiasme par les insulaires.
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