Le mode de rémunération des pharmaciens est amené à évoluer

Effervescence dans le petit monde des pharmaciens. « Nos adhérents sont interrogés, parfois totalement à charge », s'émeut Lucien Bennatan, président de PHR, le deuxième groupement de pharmacies d'officine en France - il en fédère 2.500 sur un total de 22.400 dans l'Hexagone. C'est pourtant à la demande de la profession que le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, a demandé début février à l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) de plancher sur « l'évolution du mode de rémunération [des pharmaciens] pour la délivrance des médicaments remboursables ». Les inspecteurs doivent rendre leur rapport au plus tard le 30 avril prochain. 120 défaillances en 2010Les raisons de cet intérêt ? D'abord, les difficultés financières pointées depuis plusieurs années par la profession. « 120 officines ont fait l'objet d'une procédure de défaillance en 2010, soit 25 % de plus qu'en 2009, et 190 ont mis la clef sous la porte. Les pharmaciens ont de plus en plus de difficultés de trésorerie », souligne Jean-Jacques Zambrowski, économiste de la santé. En cause, selon lui, la baisse des prix des médicaments (l'assurance maladie en attend encore quelque 500 millions d'euros d'économies cette année), le recul des volumes (là aussi encouragé : 125 millions d'euros d'économies attendus) et la concurrence des parapharmacies. Mais la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST), votée à l'été 2009, a accéléré les interrogations de la profession sur son avenir. Elle confère de nouvelles missions au pharmacien : éducation thérapeutique, conseil, et même renouvellement des traitements chroniques. Pour l'heure, les décrets, signés, n'ont pas été publiés. Mais, à terme, le rôle des pharmaciens s'en verra transformé, font valoir ces derniers. « La loi HSPT crée de nouvelles missions de services en officine, il est donc important de déconnecter les revenus des pharmaciens des simples opérations d'achat et vente de médicaments », confirme Philippe Besset, président de la mission économique à la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), premier syndicat de la profession. La vente de médicaments remboursés représente 75 à 80 % des ventes d'une officine, et 60 à 70 % de sa marge, évaluée à 23,6 % en moyenne par officine. La FSPF préconise la mise en place d'un forfait lié à des activités de conseil spécifiques. Le groupement PHR réclame même un système d'« honoraires » de conseil, sur les produits remboursés comme sur l'OTC (sans ordonnance). « Les honoraires devraient peser pour moitié dans les revenus des pharmaciens », affirme Lucien Bennatan. Il y voit la possibilité d'éviter la course aux volumes vendus, peu défendable en matière de médicaments.
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