Les universités veulent mieux vendre leurs docteurs

à l'étranger, les décideurs mettent un point d'honneur à faire figurer sur leur carte de visite la référence « PhD », pour « docteur ». En France, il n'en est rien. Le doctorat reste synonyme de carrière universitaire. De fait, « plus de 70 % des docteurs veulent travailler dans la recherche académique », constate Julien Calmand, chargé d'études au Céreq. Une spécificité due en grande partie au monopole exercé par les Grandes Ecoles, suggère Martine Pretceille, directrice de l'association Bernard Grégory (ABG), qui aide à l'insertion professionnelle des jeunes docteurs en entreprise. Bien que le « problème » soit plus universel qu'on ne le croit, relativise t-on dans l'entourage du président de la République : pour preuve, aux Etats-Unis, les docteurs ne représentent que 4 % des diplômés, comme en France, et que 9 % de la R&D privée. De plus, en France en 2007, selon le Céreq, le taux de chômage des docteurs 3 ans après l'obtention de leur thèse était de 10 %, comme celui des diplômés d'écoles d'ingénieur.Surtout, de l'avis des intervenants du colloque annuel de la conférence des présidents d'universités (CPU), dédié à ce thème, qui s'est tenu en fin de semaine dernière à Nancy, les consciences évoluent. La réforme en 2006 des écoles doctorales, qui ont désormais une mission d'insertion professionnelle, puis la création du contrat doctoral, ont donné une impulsion nouvelle. Depuis 2007 aussi, l'ABG travaille avec le Medef et la CGPME pour améliorer la visibilité des écoles doctorales. Les Cifre (convention industrielles de formation par la recherche), enfin, débouchent souvent sur un emploi (3 ans après la thèse, le taux de chômage n'est alors plus que de 6 %, selon le Céreq). Mais « il y a encore beaucoup d'effort à faire car les écoles doctorales n'ont pas le réflexe réseau comme les grandes écoles », explique-t-on au Medef. Autre difficulté soulevée par Martine Pretceille, « traduire en termes simples les compétences scientifiques ». Car, souligne Amandine Bugnicourt, docteur et directrice associée d'Adoc, premier cabinet de conseil en recrutement des docteurs, « les entreprises ne savent pas toujours évaluer les compétences des docteurs ». D'où un risque de « déclassement », les salaires n'étant pas toujours à la hauteur de ces bac + 8.professionnalisationA l'heure où les grandes écoles veulent faire valoir leur recherche, il appartient donc aux universités de profesionnaliser les formations doctorales. Dans ce contexte, la CPU, par la voix de son président Lionel Collet, a préconisé vendredi que le doctorat fasse l'objet d'une « démarche qualité » via notamment la certification de parcours doctoraux. Une proposition qui ne fait pas l'unanimité. Emmanuelle Ebel, présidente de la confédération des jeunes chercheurs, craint ainsi que cela ne débouche sur une « dissociation entre doctorat privé et doctorat académique ».
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