Quand le Portugal s'invite à la table des gouverneurs de la BCE

L'acharnement des agences de notation à l'encontre du Portugal doit sérieusement irriter la Banque centrale européenne car il renforce les critiques envers la politique monétaire qu'elle entend mener. La hausse de ses taux, la première depuis juillet 2008, programmée pour ce jeudi, est dénoncée avant même l'annonce de la décision. Les détracteurs de la BCE l'assimilent à un coup de poignard dans le dos des pays dits « périphériques », secoués par la crise de la dette souveraine. Pas plus tard que mardi, l'agence Moody's est venue ajouter son coup de griffe à ceux de la coalition en abaissant à son tour, quelques jours seulement après Standard and Poor's et Fitch, la note souveraine du Portugal. Sous surveillanceRamenée de A3 à Baa1, cette note se situe désormais en bas de l'échelle de la catégorie investissement et le fossé la séparant d'un déclassement dans la catégorie des obligations « pourries » pourrait se combler rapidement puisque S&P a placé la nouvelle note sous surveillance, ne masquant pas sa tentation d'un nouvel abaissement. L'agence affirme que les autorités de Lisbonne ne pourront pas tenir les objectifs ambitieux de réduction du déficit et seront contraintes de demander une aide financière. L'économie lusitanienne, qui peine à se financer, n'avait certes pas besoin de ce nouveau revers : les rendements à cinq ans, échéance la plus sensible depuis que l'inversion de la courbe des taux s'est amplifiée, ont bondi au dessus de 10 % pour la première fois dans l'histoire de la monnaie unique et affichent une hausse de plus de 200 points de base depuis la démission du premier ministre José Socrates, le 25 mars.Seule consolation, si l'on ose dire, l'euro, dont la vigueur asphyxie les pays membres de la zone euro qui, en d'autres temps, auraient dévalué leurs monnaies nationales sans le moindre état d'âme, a laissé quelques plumes dans ce dernier épisode. Alors qu'il caracolait lundi à son niveau le plus élevé depuis début novembre face au dollar, à 1,4265, l'euro est retombé une figure plus bas. Mais ce ne devrait être qu'un répit.Car une chose est sûre : rien ne détournera la BCE de son rôle de gardienne de la stabilité des prix. Les dérapages des indices qui s'aggravent depuis décembre sont suffisamment préoccupants pour que le calendrier de la première hausse des taux de l'institut d'émission de Francfort ne soit pas remis en cause. L'indice des prix à la consommation s'est élevé à 2,6 % en glissement annuel en mars, largement au dessus du seuil de tolérance de 2 % fixé par la BCE, et les prix à la production ont bondi de 6,6 % en février.
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