La Réserve fédérale devait relever son taux d'escompte

Le retour à de vigoureuses créations d'emplois aux Etats-Unis en mars, en dépit du maintien du taux de chômage au niveau élevé de 9,7 % des actifs (voir p. 8), va permettre à la Réserve fédérale américaine d'accélérer la normalisation de sa politique monétaire. Les 162.000 postes de travail créés le mois dernier constituent la meilleure performance enregistrée depuis trois ans outre-Atlantique. Dès le chiffre connu vendredi dernier, la Fed, dont la protection d'un haut niveau d'emploi est, avec la stabilité des prix, l'une des deux priorités, a fait savoir qu'elle réunirait dès lundi son conseil des gouverneurs pour discuter du taux d'escompte. Alors que le week-end pascal battait encore son plein en Europe, elle devait passer de la parole à l'acte, majorant d'un nouveau quart de point, à 1 %, ce taux qui s'applique aux prêts d'urgence consentis aux banques. Le 18 février dernier, après la clôture de Wall Street, la Fed avait signé le véritable démarrage de sa stratégie de sortie de crise, en relevant de 0,50 % à 0,75 % son taux d'escompte, en ayant pris soin de préparer minutieusement le terrain. tension obligataire palpableElle avait alors mis tout son poids dans la balance pour que ce geste ne soit pas assimilé à une première hausse des taux mais bien au retour progressif à la normale après une avalanche de concessions anti-crise historiques. En décembre 2008, lorsqu'elle avait abaissé son taux directeur - le taux cible des fonds fédéraux - à un niveau voisin de zéro (dans une fourchette de 0 % à 0,25 %), elle avait aussi réduit le taux d'escompte à 0,50 %, ramenant le traditionnel écart de 100 points de base entre ces deux bornes à un famélique 25 points. Objectif recherché alors, comme aujourd'hui : restaurer à l'escompte son rôle pénalisateur et inciter les banques à rechercher les liquidités dont elles ont besoin sur le marché avant de se tourner vers le guichet de la Fed, redevenu plus onéreux. Lundi, la tension sur le marché obligataire, de plus en plus sensible au redressement conjoncturel américain, était palpable. A l'annonce d'une remontée de l'indice ISM des directeurs d'achats du secteur non manufacturier à 55,4, au plus haut depuis mai 2006, le rendement des emprunts d'Etat américains à dix ans est remonté à son niveau le plus élevé depuis juin. Il a refranchi momentanément le seuil psychologique de 4 %. n
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